Soumba et les trois prétendants

Langue : français Auteur : Temba Temba Doumbia et les jeunes du lycée agricole d’Airion,  adapt. Graine de Savoir Illustrateur : Tristan Thiery Lieu d'édition : Bruyères-sur-Oise (France) Éditeur : Association Graine de savoir & Soif d’apprendre Année d'édition : 2012 Collection : Un monde de familles Nombre de pages : [28 p.] Illustration : Couleur Format : 15 x 21 cm ISBN : 979-10-90807-01-3 Âge de lecture : À partir de 12 ans Prix : 5 €
jeune femme et jeune homme dans paysage verdoyant près d'un village

Ce petit livre bien présenté et agréablement illustré rejoint ceux publiés précédemment par l’association Graine de Savoir, qui œuvre depuis 2007 pour soutenir l’accès des jeunes au savoir et à l’éducation par la lecture de livres inspirés par les contes traditionnels. Soumba et les trois prétendants met par écrit un conte qu’on nous dit laissé en testament par un griot bambara du Mali. Une sorcière appelée à bénir un mariage tente de séparer les jeunes époux en les rendant stériles. Au bout de trente-trois ans, ils finissent par avoir une fille, Soumba. Cette dernière, arrivée à l’âge du mariage, voit arriver tour à tour chez ses parents trois prétendants : deux étrangers – un riche commerçant et un chasseur – et le fils du chef du village voisin. Indécise, elle va consulter l’oracle, un vieil arbre, qui lui conseille d’attirer les trois hommes sur le territoire de la sorcière, que ses méfaits ont entre-temps transformée en lion, et d’étudier leur comportement face au danger. Cette première épreuve n’ayant pas suffi à les départager, Soumba fait la morte et ses funérailles sont annoncées. Les deux étrangers repartent ; seul le fils du village voisin pleure la « morte », et c’est lui qu’elle épouse.

Le lien entre la morale qui termine le conte – « chaque homme, femme ou enfant doit se souvenir que sa famille est sa raison d’être » – et le récit lui-même peut être interprété de différentes façons. Le traitement des prétendants, lui, indique une claire préférence pour celui que l’on connaît : il vient du village voisin, on connaît son père, considéré comme un homme respectable. Les deux autres, au contraire, viennent de loin et personne ne connaît leur famille. Ni leur or ni leur apparence ne pourront faire oublier leur origine : c’est cela la vraie leçon du conte. À cette leçon s’en ajoute une autre, beaucoup plus moderne : la douleur du troisième prétendant face à la mort annoncée achève de le qualifier, en montrant que le lien affectif entre les deux jeunes est plus important que le versement de la dot.

En accord avec la politique éditoriale de l’association Graine de Savoir, le conte est suivi d’activités à faire en famille : un jeu traditionnel dont les règles et la construction sont expliquées en détail (« La Hyène », où des mères de famille vont à la corvée d’eau et affrontent une hyène). Les dernières pages offrent un court lexique, présentent l’association et décrivent la chaîne du livre, de sa création à sa distribution, montrant comment ces différentes étapes relient conteurs et lectorat et permettent d’encourager la lecture. Le choix de la famille comme thème central des livres de la collection en fait des outils à mettre entre les mains des jeunes comme de leur famille ; la collaboration entre l’auteur et les jeunes de cette commune de l’Oise met en avant les liens tissés par le biais du conte et de la lecture entre le Mali et la France, une raison de plus de lire ce petit livre.

Françoise Ugochukwu

 

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