Les Esclaves oubliés de Tromelin

Langue : français Auteur : Sylvain Savoia,  Max Guérout,  Thomas Romon et leur équipe Lieu d'édition : Marcinelle Paris Éditeur : Éditions Dupuis Année d'édition : 2019 Collection : Aire libre Nombre de pages : 105-[21] p. Illustration : Couleur Format : 31 x 24 cm ISBN : 979-10-347-3831-1 Âge de lecture : À partir de 13 ans
Couverture de : Les Esclaves oubliés de Tromelin

Ce livre tout à fait remarquable a fait l'objet d'une édition particulière à l'occasion de l'exposition « Tromelin, l'ïle des esclaves oubliés » au Musée de l'Homme en 2019, qui a été présentée dans différentes villes en France. Sur ce thème, nous avions déjà présenté Les Robinsons de l'île Tromelin : l'histoire vraie de Tsimiavo d'Alexandrine Civard-Racinais dans la bibliographie Afrique d'octobre 2019 de Takam Tikou. Mais là, le traitement et le public visé sont très différents. Sylvain Savoia a suivi comme dessinateur une expédition archéologique qui fait des fouilles sur l'île de Tromelin pour documenter cet épisode tragique de la traite des esclaves : en 1761, le navire L'Utile fait naufrage sur cette petite île aride et désolée. Les hommes de l'équipage réussissent à construire une embarcation et à partir, abandonnant les soixante (ou quatre-vingt ?) esclaves malgaches qu'ils transportaient vers l'île Maurice et qui avaient survécu (sur 160 embarqués...). Quinze ans après, on vient enfin à leur secours. Il ne reste que sept femmes et un bébé. Cet événement marquera les esprits et aura une influence dans les débats qui aboutiront finalement à l'abolition de l'esclavage. Le roman graphique fait alterner deux récits : une fiction historique qui relate les faits, vus comme dans le livre d'Alexandrine Civard-Racinais par une jeune fille (l’une des rescapées) et le récit du séjour que l'auteur fait à Tromelin en 2008 avec la mission archéologique pilotée par Max Guérout et Thomas Romon. Cette expédition incluait un archéologue malgache, Bako Rasoarifetra, qui a aidé à interpréter les objets retrouvés à la lumière de la culture traditionnelle de Madagascar. La partie historique est aussi passionnante qu'émouvante, la partie contemporaine est riche de la description très précise des méthodes de travail des archéologues et du ressenti de l'auteur. Il sait mettre en valeur tout particulièrement la façon dont les artefacts retrouvés témoignent de l'inventivité des naufragés pour tirer parti des maigres ressources d'un milieu plus qu'hostile. Les illustrations sont splendides, faisant alterner un registre dramatique dans le récit historique et un registre familier et factuel dans le récit contemporain. Le roman graphique est complété par un dossier documentaire.

CR