Mémoire de l’esclavage : Bulambemba
En 1454, une décision pontificale donne autorisation au roi du Portugal de pratiquer la traite des Africains, de les asservir et de les convertir. Si Gorée, au Sénégal, évoque immédiatement l’histoire de la déportation en masse d’esclaves, il n’en va pas de même pour Boulambemba, île oubliée de l’histoire, à l’embouchure du fleuve Congo. Elle est cependant le premier témoin du « stockage » et de l’arrachement en masse des Africains à leur terre natale, et ce pendant quatre siècles.
C’est le très grand intérêt de cet ouvrage, le premier d’une série annoncée, dû au Congolais Serge Diantantu, d’apporter sous forme de bande dessinée une contribution historique indispensable et en tous les cas inédite. En prélude, il décrit avec clarté les trois types de traites sur le continent – orientale, intra-africaine, et occidentale –, avant de s’intéresser à l’arrivée sur les côtes atlantiques de la première expédition maritime portugaise au milieu du XVe siècle. Elle va être menée par Diogo Cão pour le compte du roi du Portugal, avec, entre autres objectifs, de trouver la route des Indes, de mener des activités lucratives en comblant les besoins de main d’œuvre pour l’industrie de la canne à Madère. On assiste à la mise en place progressive de ce qui va devenir l’effroyable système, avec le déplacement de population sur l’île, les premiers « échanges » de personnes, le premier voyage à fond de cale. Dans un constant souci de précision linguistique, l’auteur nomme, donne les origines, les déformations et évolutions, les prononciations, les traductions.
L’illustration, dans des cases souvent grandes, parfois de la taille d’une double page, permet de porter ce message rigoureux que viennent compléter quelques cartes et croquis. Un éclairage indispensable à suivre.
ML