Un monstre dans la ville
On peut craindre les histoires dont le message, aussi nécessaire soit-il, pèse sur l’intrigue au point d’en altérer l’attrait. Ce n’est pas le cas pour cet album à l’italienne, largement illustré, d’Assamala Amoi, qui raconte comment une créature monstrueuse sème la panique au quartier. On ne la voit pas, mais on lui prête une repoussante apparence, et elle règne en maître semble-t-il sur les ordures de la ville ! La peur gagne d’abord les parents. Au tour des enfants de s’y mettre, la petite Akacie en tête, affolée au point d’alerter les copains. Les microbes, les démangeaisons, les mouches et les rats… tout ça n’est pas normal. Quelle angoisse ! Que faire ?
Se soucier de l’environnement et faire prendre conscience à chacun du rôle qu’il peut jouer dans la cité, c’est le propos de cette histoire à message, qui n’oublie pourtant pas pour séduire, d’entraîner le lecteur dans une fiction vivement écrite, sans temps morts. Certes, le recours au magique permet les « miracles », mais cela fonctionne. Le ton est léger et non dénué d’humour, les enfants plein de tonus pour mobiliser les adultes. Dans les premières lignes de l’histoire, Akacie est troublée dans sa lecture par les propos affolés des adultes de l’autre côté de la cloison ; dans les dernières, apaisée, elle a à nouveau repris sa lecture, cette fois-ci amusée par une nouvelle version des faits.... Bien découpé en cinq chapitres, le récit est joliment porté par les illustrations singulièrement expressives de Kyoko Ito (on lui doit, sous le nom Kyoko Dufaux, l’illustration de Ayanda la petite fille qui ne voulait pas grandir de Véronique Tadjo et de Haïti : sauvée par ma poupée de Fatou Keïta) qui contribuent à lui donner du souffle (bien que les images semblent « étirées » à la mise en pages). L’imagination peut jouer de mauvais tours, même aux adultes, et mieux vaut regarder les choses en face : c’est ce que nous enseigne cet album. Assamala Amoi a signé cinq autres livres pour enfants, publiés par les Nouvelles éditions ivoiriennes, BLD et Édicef.
ML