Bladi mon Amérique

Trois ânes, attachés à des charrettes, discutent des mérites de leurs origines respectives, pendant que les charretiers, attablés au café, attendent qu’on les sollicite pour des courses. Survient un singe accompagné de son dresseur. Son numéro fait, et alors que son maître s’installe au café, le singe bavarde avec les ânes. Son rêve est d’atteindre Gibraltar où ses cousins, déclarés patrimoine national anglais, « sont traités comme des rois ». Qu’à cela ne tienne : les ânes décident de conduire le singe au port pour qu’il puisse s’embarquer pour Gibraltar. Le convoi de charrettes, la première guidée par un singe, traverse alors les rues de la ville. Les passants, étonnés, pensent à un numéro publicitaire pour un cirque. Mais les choses se gâtent à l’arrivée au port : les ânes, en passant avec leurs charrettes entre les voitures, en éraflent quelques-unes. Les conducteurs crient, la police intervient, et le singe a juste le temps de sauter à bord d’un bateau, à la satisfaction des ânes. Mais cette joie est de courte durée : on apprend que le bateau ne se dirige pas vers Gibraltar mais vers... la Chine où « l’on mange les singes » ! On a l’impression que l’intrigue sert parfois de prétexte à l’auteur, qui a un message à nous adresser sur le complexe de supériorité lié aux origines, ou sur le fait de chercher fortune ailleurs... Cela alourdit un peu le récit, on aurait préféré que l’auteur nous raconte l’histoire dans toute sa légèreté et nous laisse tirer nos propres conclusions...