Détonnants voyageurs !

Marrakech par un joli temps de chien

Langue : français Auteur : Nathalie M’Dela-Mounier Illustrateur : Livia Kolb Lieu d'édition : Marrakech Éditeur : Sarrazines & Co Jeunesse Année d'édition : 2022 Nombre de pages : [38] p. Illustration : Couleur Format : 21 x 17 cm ISBN : 978-9920-9764-6-6 Âge de lecture : À partir de 11 ans Prix : 11,90 €
Des animaux se reposent devant un mur.

Un matin à l’aube, la meute des chiens errants – qui ont l’habitude de profiter du calme de cette heure matinale pour faire le tour de la ville – trouve à un carrefour un groupe d’animaux étranges, visiblement épuisés par un long voyage. Les chiens commencent par montrer les crocs en grondant, mais face au manque d’hostilité des visiteurs, un dialogue ne tarde pas à s’instaurer.

Le chef de la meute dit : « Je te salue, étranger, mais si tu veux t’installer dans notre ville répond à deux questions : qui es-tu et d’où viens-tu ? »

L’hippopotame déclare : « Nous répondrons à tes questions mais, en retour, tu devras aussi répondre aux nôtres quand nous aurons terminé. » Et il raconte le départ de sa terre natale dont il a été chassé par la sécheresse et les fusils, la périlleuse traversée du désert au cours de laquelle il a perdu sa compagne…

Lorsqu’il a fini, le chien lui répond : « Je suis d’ici, je suis marrakchi, je suis africain. »

Le rituel se répète plusieurs jours de suite et les chats, les cigognes et autres animaux locaux se joignent aux chiens pour écouter la parole des étrangers.

Vont se présenter – chacun avec ses raisons particulières pour entreprendre le voyage – le lion du Sénégal, l’agouti de Côte d’Ivoire, le varan du Nil, le macaque de Barbarie, le serpent du désert.

Mais voilà qu’un matin, les chiens trouvent le carrefour vide : la petite troupe est repartie, continuant son périple, qui vers le nord et la traversée de la Méditerranée, qui vers d’autres régions d’Afrique.

Le livre est troublant : par certains aspects, il s’adresse à de bons mais jeunes lecteurs (nombreuses illustrations, changement de police de caractères pour les dialogues), mais le style et le vocabulaire sont très recherchés et littéraires. En outre, en utilisant des animaux, le récit mêle deux problématiques : celle des migrants et celle des espèces animales en danger, ce qui nuit à la clarté du propos et rend le texte plus proche d’une déclaration de principe que d’un récit vraiment incarné.

Il a toutefois le mérite d’être très joliment illustré et d’aborder un sujet peu et souvent mal traité en littérature jeunesse, celui des populations obligées de quitter leur terre d’origine, d’une manière assez originale, montrant la naissance du dialogue et de la solidarité entre deux groupes qui se perçoivent au départ comme antinomiques. Un message salutaire dans l’époque tellement opaque que nous traversons.

MW