[L’Amour]

Un jeune couple amoureux assis dans une clairière, enlacé, face à un moulin. Une double-page pour dire le temps qui passe… Et on retrouve ce couple, devenu vieux, dans une vie où le quotidien s’est installé. Au fil des pages, la distance se creuse entre les personnages, chacun vit de son côté : la femme se passionne pour les oiseaux, l’homme pour les plantes. Debout, courbés, assis, puis couchés, nos personnages semblent disparaître dans leur intérieur, écrasés par les oiseaux, plantes, objets et tas de papiers qui occupent leur espace vital. Cet encombrement est bien rendu dans la double page qui se déplie pour former une grande fresque : il faudra chercher dans les recoins de l’image pour retrouver nos personnages, presque invisibles dans tout ce fatras accumulé. La maison déborde, les plantes sortent des portes et fenêtres… Mais voilà qu’un tourbillon de fumée sort de la cheminée ! La fumée noire commence à envahir le moulin (et la page) ; la femme s’échappe par la fenêtre, l’homme par la porte… Le choc passé, le couple rentre à la maison, dans un intérieur épuré… Et ce sont les retrouvailles ; l’homme et la femme se redécouvrent. La dernière double page de l’album reproduit presque à l’identique l’image d’ouverture de l’album du couple enlacé, mais nos amoureux ont les cheveux blancs.

Un album sans texte tout en tendresse, douceur et poésie. Les illustrations dans des tons pastel, avec des touches de couleurs vives par-ci par-là, se déploient sur les doubles pages de cet album grand format. Un très bel album, touchant, qui laisse une grande liberté d’interprétation au lecteur. À déguster en prenant le temps d’examiner les détails des illustrations, les nuances de couleurs, et en s’interrogeant - peut-être - sur le sens de la vie.