Mon imagerie français-arabe
Avec cette publication, les éditions Milan viennent combler un manque certain ; il n’existe en effet que peu d’imagiers aussi complets que celui-ci. Tous les thèmes de la vie quotidienne sont représentés : les premiers mots (chiffres, couleurs, formes, saisons, etc.), le corps humain, le vivre-ensemble, l’habillement, la nourriture, la maison, l’école, la ville, le travail, les loisirs, les transports, les animaux et enfin le monde. En tout, environ 800 mots illustrés de manière amusante et présentés dans un format pratique, un petit A5, facilement manipulable et transportable. À la fin du livre, un index en français nous permet de retrouver facilement le mot recherché. La transcription en caractères latins des mots arabes, en plus de la traduction, séduira sans doute les apprenants de langue arabe et les parents qui apprennent ou réapprennent l’arabe avec leurs enfants. On découvre également avec plaisir de jolies doubles pages représentant des scènes de vie riches en détails.
Malheureusement, cet imagier ne résiste pas à une analyse minutieuse. Outre des erreurs flagrantes de typographie – l’article défini al (le-la-les en français) n’est pas toujours rattaché au mot qu’il accompagne – et des imprécisions (il semblerait qu’il y ait eu une indécision quant au choix de laisser ou non l’article défini en arabe car certains mots sont définis et d’autres pas), nous avons relevé de véritables erreurs. Il y a parfois des différences entre la transcription et le mot en arabe, comme si le mot avait été corrigé a posteriori sans que la correction soit appliquée à la transcription ou vice-versa. Ailleurs, les mots arabes ont été inversés dans certaines expressions rendant celles-ci incompréhensibles, et des fautes d’orthographes apparaissent dans certaines pages.
On regrette également de retrouver le même mot en arabe pour désigner un pot de chambre et un vase, traduit par le mot « inâ’ » qui signifie « récipient », tandis qu’ailleurs le bus d’école et le bibliobus sont traduits par la même expression, alors que des mots plus adaptés existent en arabe.
Une note de l’éditeur indique que, pour certains mots, la traduction a puisé dans le vocabulaire du dialecte syro-libanais lorsqu’il n’y avait pas de mot équivalent en arabe classique. Or, à la lecture de l’imagier, il nous a semblé que le choix de la traduction s’était plutôt porté sur un vocabulaire utilisé au Maghreb. C’est le cas notamment du mot « khûkh » pour désigner la pêche ou « tirmûmitr » pour désigner le thermomètre. C’est un choix qui se défend, mais alors pourquoi, dans ce cas, indiquer que le dialecte syro-libanais a été privilégié ? Nous sommes vraiment perplexes face à autant d’imprécisions… À utiliser donc en connaissance de cause !
SR