[Pourquoi pas ?]
ما المانع ؟
Depuis plus de trente ans, le père de Samia parcourt le village avec son tambour, chaque nuit de Ramadan, pour réveiller les villageois, et leur permettre de manger avant le lever du jour. Il remplit en effet la fonction de musahhir, c’est à dire de réveilleur. Tous les gens l’apprécient. Mais une nuit, il est souffrant et ne peut se lever. Samia lui propose de le remplacer, ce qu’il accepte finalement, après bien des objections. Munie d’une lanterne et accompagnée de leur chien Barq (Eclair), Samia va partir dans la nuit sur un chemin accidenté, où le loup guette, derrière les arbres. Le chien mettra le loup en fuite, et bientôt Samia parcourt le village en battant du tambour, et en appelant chaque dormeur à se réveiller.
Lors de sa première halte, le maître de maison s’étonne de voir, au lieu de son père, une fillette battre du tambour. Apprenant la raison de ce changement, il demande à son fils d’accompagner Samia pour l’aider. Les deux sœurs de Hamza demandent à se joindre à eux. « Pourquoi pas ?» répond le père.
À la halte suivante, sur le seuil de sa maison, un enfant dit « Je n’ai pas de tambour, puis-je prendre mon tambourin? ». Et Samia répond : « Pourquoi pas? ». Et à chaque nouvelle halte, un enfant se joint à eux, avec un instrument de musique différent : pipeau, luth, etc... La petite troupe grossit en traversant le village, les uns portant une lanterne, les autres jouant d’un instrument, et tous chantant les hymnes au Prophète.
Lorsque toutes les familles sont réveillées et les maisons éclairées, les enfants prennent le chemin du retour, pour regagner leur maison et se restaurer à leur tour. Et devant chaque porte, on offre aux enfants une crêpe ou une friandise et l’on échange les vœux et les salutations d’usage.
Cette histoire au texte simple plaira aux enfants, qui en apprécieront les répétitions et pourront éventuellement chanter la chanson écrite par l’auteur en l’honneur du « réveilleur ». Le récit est bien mis en valeur par les illustrations dans des tons sombres de vert, de bleu et de violet, qui rendent bien l’atmosphère nocturne, jamais effrayante, grâce au ciel criblé d’étoiles. Elles présentent un joli village palestinien d’autrefois, aux maisons échelonnées sur un coteau. L’atmosphère de fête conférée au village par la déambulation joyeuse de ce groupe d’enfants qui va grossissant, au fur et à mesure que les maisons s’éclairent, est bien rendue. De jolies pages de garde bleu gris aux motifs stylisés d’arbres de maisons, de chemins et d’habitants du village ouvrent et ferment ce charmant album dont la parution est à saluer, parce qu’il met en valeur la capacité d’initiative et le courage de Samia, tout en évoquant, à travers une jolie coutume, le mois de Ramadan, thème peu présent dans la littérature de jeunesse. Un seul regret : les cahiers de cet album cartonné se détachent dans l’exemplaire examiné, ce qui contraste avec la qualité habituelle de la production de la maison d’édition Al-Salwa.
LV