10 ans de livres et de lecture dans le Monde arabe
Reflets d’une littérature en plein essor
Peut-on, à travers l’étude des bibliographies et des articles de Takam Tikou des 10 dernières années, dégager les tendances de la littérature de jeunesse produite dans les pays du Monde arabe ? Remarque-t-on une évolution au niveau des genres et des thématiques ? La place et la visibilité à l’international de cette production ont-elles été modifiées ? Qu’en est-il des acteurs de la chaîne du livre dans ces pays, peut-on cerner les problématiques auxquelles ils font face ?
Depuis sa première édition en ligne, en mars 2010, Takam Tikou publie trois bibliographies sélectives par an1 dédiées à la littérature de jeunesse des pays du Monde arabe. Ces bibliographies sont le fruit du travail de son Comité de lecture Monde arabe, qui réunit des professionnels arabophones de différents horizons (Bibliothèque nationale de France, Institut du monde arabe, Bibliothèques de la Ville de Paris). Même si la composition de ce comité a pu fluctuer au fil du temps2, certains de ses membres sont des permanents, gardant et transmettant aux « nouveaux » la mémoire de l’évolution de la littérature de jeunesse dans les pays arabes à travers les ouvrages étudiés dans le cadre des réunions du comité et des sélections présentées dans Takam Tikou.
Takam Tikou a également proposé, au cours des dix années de sa présence en ligne, des articles centrés sur les pays arabes dans les rubriques « Vie du livre », « Vie des bibliothèques » et dans les dossiers annuels de la revue. Ces articles mettent notamment en lumière les acteurs de la chaîne du livre dans la région et permettent de mieux cerner les enjeux et les défis auxquels ces professionnels du livre doivent faire face.
Quelques éléments de contexte
faisant partie de la Ligue arabe et ayant en commun l’arabe comme langue officielle. Ce terme peut donner l’illusion d’une région unie par une même langue et offrant un marché potentiellement immense au livre. Il n’en est rien : chaque pays du Monde arabe a son propre dialecte, langue maternelle de ses habitants ; la langue partagée par l’ensemble des pays est l’arabe standardisé fusḥa فصحى, langue de l’écrit, utilisé dans l’enseignement, les médias, etc. Dans certains pays, l’écart entre l’arabe dialectal et l’arabe enseigné à l’école est tel que les élèves abordent ce dernier comme une langue étrangère. Ajoutons à cela les langues minoritaires présentes dans certains pays, comme l’amazigh, l’arménien, le syriaque, le kurde, etc., et nous aboutissons à une mosaïque linguistique très diversifiée qui a nécessairement un impact sur les choix éditoriaux. En effet, un éditeur peut choisir de publier en arabe dialectal, par amour pour cette langue ou pour rester au plus près de l’enfant et de sa langue maternelle, mais se faisant il risque de limiter son public – et son marché – à ce pays et à sa diaspora. Le choix d’éditer en arabe standardisé ou fusḥa فصحى ouvre le champ du livre à l’ensemble du lectorat arabophone, mais l’ouvrage nécessite alors une médiation à l’oral en arabe dialectal pour être compris par le tout jeune enfant. À cela s’ajoute la présence d’autres langues dans les pays, comme le français ou l’anglais, qui peuvent également être des langues d’édition.
À ces considérations linguistiques s’ajoutent des enjeux socio-économiques et culturels propres à chaque pays. En effet, le livre n’a pas le même statut dans tous les pays arabes, et la lecture n’y est pas valorisée de la même façon. De plus, le pouvoir d’achat varie considérablement d’un pays à l’autre : durant ces dix dernières années, certains pays ont vécu – et parfois continuent à vivre – une crise économique très dure, dans d’autres des conflits armés – voire des guerres – se sont déclarés, alors que d’autres pays encore ont connu une situation économique florissante. De même, tous les pays ne bénéficient pas au même degré d’une production locale de qualité adressée aux jeunes lecteurs, le livre ne circule pas toujours entre les différents pays, et un réseau de bibliothèques publiques n’est pas présent dans l’ensemble des pays : tous les enfants arabes ne sont donc pas égaux dans l’accès au livre et à la lecture.
Un lectorat arabophone existe également en dehors des pays arabes, composant une diaspora qui a récemment été augmentée par l’afflux de migrants et de réfugiés, notamment suite à la guerre en cours depuis 2011 en Syrie. En ce qui concerne la littérature jeunesse, ces arrivées ont eu comme conséquence un regain d’intérêt pour les livres en arabe dans les pays d’accueil, les bibliothèques de ces pays souhaitant souvent proposer des lectures dans la langue maternelle des enfants arabophones.
Les livres jeunesse du Monde arabe à la BnF
Le travail critique de Takam Tikou s’appuie sur un fonds d’ouvrages, constitué d’acquisitions et de services de presse envoyés par les éditeurs, intégré au Catalogue Général de la Bibliothèque nationale de France. Ces ouvrages sont donc consultables à la BnF et une sélection des nouveautés est présentée dans une salle de lecture ouverte au public, la salle I. Les notices critiques publiées dans Takam Tikou viennent alimenter et enrichir le Catalogue Général de la BnF, consultable en ligne.
Durant la période couverte par Takam Tikou en ligne, 1655 ouvrages venus du Monde arabe ont été intégrés au Catalogue de la BnF4. Ces livres sont en grande majorité des services de presse, reçus notamment à l’issue de la Foire internationale du livre pour enfants de Bologne, en Italie, ou du Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, en France.
Notons ici que le fonds jeunesse Monde arabe de la BnF n’a évidemment pas vocation à être exhaustif. Il ne s’agit pas de proposer l’ensemble des publications pour la jeunesse parues dans les pays arabes, mais d’avoir une sélection représentative du panorama de l’édition dans la région. Ajoutons que les livres à caractère religieux ou scolaire ne font pas partie des axes retenus pour l’enrichissement de ce fonds. Les pays les plus représentés durant la période qui nous intéresse sont, par ordre décroissant, le Liban, les Émirats arabes unis, le Maroc, l’Égypte, la Jordanie, la Tunisie, la Palestine et l’Algérie.
En termes de langues, nous suivons plus particulièrement la production en arabe et en français de la région. Notre corpus est composé à 75,9% de livres monolingues en arabe, de 18,7% de livres en français, de 0,3% de livres en anglais et de 0,1% de livres en berbère. Notre fonds comporte aussi des ouvrages bilingues (4,5%), dont 73,3% sont des bilingues arabe-français. Parmi les livres trilingues, ce sont les ouvrages en français-arabe-anglais qui sont les plus représentés. Cependant, certains éditeurs proposent des éditions séparées dans deux langues, comme c’est le cas de Samir éditeur au Liban, par exemple, qui propose une édition en arabe et une autre en français des mêmes titres. Ces livres peuvent servir, comme les livres bilingues ou trilingues, à établir des passerelles entre les langues.
Un rapprochement entre la variable « pays » et la variable « langue » met en lumière un fait évident : le français est présent comme langue d’édition dans les pays francophones, au Maghreb et au Liban, alors qu’en Jordanie ou aux Émirats arabes unis, par exemple, c’est l’anglais qui est une langue d’édition. La langue berbère est représentée dans l’édition jeunesse marocaine. Les publications jeunesse reflètent donc la réalité linguistique de chaque pays, avec quelques exceptions, dues à des partenariats spécifiques ; c’est le cas, par exemple, d’un livre bilingue français-arabe publié en Palestine par l’Institut Tamer pour l’éducation communautaire5.
Regards sur une lecture critique
Le Comité de lecture Monde arabe de Takam Tikou a donc étudié, au fil de ses réunions, les livres jeunesse reçus du Monde arabe et a établi ses sélections critiques, en élargissant le champ aux livres bilingues arabe-français publiés en France.
Quelles conclusions chiffrées peut-on tirer de l’étude des bibliographies Monde arabe de Takam Tikou ?
- Plus de 56% des livres examinés ont été sélectionnés par le Comité et ont fait l’objet d’une notice critique dans Takam Tikou.
- Chaque bibliographie présente en moyenne une trentaine d’ouvrages.
- L’année 2010 est celle où le plus grand nombre d’ouvrages a été présenté. Cela s’explique par le fait que la revue est passée d’un format papier, avec une dernière publication en 2008, à un format numérique, avec une première parution en mars 2010. La bibliographie de mars 2010 a donc couvert le delta des ouvrages parus entre les deux éditions de la revue.
Examinons de plus près la répartition des livres par genre dans les bibliographies publiées dans Takam Tikou.
Au fil des éditions de Takam Tikou en ligne, nous constatons une très nette prépondérance des ouvrages de fiction comparés aux documentaires. Le genre le plus largement représenté est l’album, avec 59,4% des livres sélectionnés. Le roman/premières lectures est représenté à 14,4%, suivi par le documentaire (9,1%), le conte (8,2%), la poésie/les comptines (4,4%), et la bande dessinée (4,2%).
Cette synthèse chiffrée de la production présentée dans Takam Tikou en ligne appelle des précisions concernant l’évolution de chaque genre et les thématiques qui sont abordées dans les différents ouvrages, ainsi que quelques conclusions globales qualitatives sur cette littérature.
Des albums innovants
Au fil des années, les albums restent donc le genre prépondérant dans la littérature jeunesse du Monde arabe. Assez sage et plutôt didactique à ses débuts, l’album s’affirme désormais comme un genre bien établi, qui peut librement s’inventer. Certains auteurs, illustrateurs et éditeurs osent proposer des ouvrages qui sortent des sentiers battus, tant au niveau du contenu que de la forme des ouvrages. C’est dans ce genre que la créativité s’exprime le plus, là que l’on trouve les textes, les illustrations, les formats, les mises en page et les typographies les plus innovants.
[Ne joue pas avec le coq !] !لا تلعب مع الديك, Hassan Abd-Allah, ill. Lena Merhej. Dar al-Saqi, 2018. |
L’humour y prend une place de plus en plus importante, que ce soit au niveau de l’histoire racontée ou dans les petits détails des illustrations, ce qui place résolument ces albums du côté de la lecture-plaisir. Prenons quelques exemples : [Ne joue pas avec le coq !]6 !لا تلعب مع الديك de Hassan Abd-Allah raconte un duel improbable entre un coq imbu de lui-même et un garçon qui l’imite en tout, ce qui déclenche l’ire du gallinacé… Les illustrations de Lena Merhej, dans des couleurs chaudes, rendent bien l’humour des situations et certaines expressions hilarantes du coq. [Je rêve d’être une bétonneuse !]7 !أحلم أن أكون خلاط إسمنت met en scène le petit Haddam, un engin de chantier muni d’une boule de démolition, qui n’a qu’un rêve : être une bétonneuse ! Par ses illustrations, Walid Taher confère une forme d’humanité à cet engin de chantier si sympathique. Et que dire de ce chevalier, face à un dragon qui semble invincible ? La montée en puissance de son artillerie ne change rien à l’affaire. Mais quel(le) dragon(ne) peut résister à neuf bouquets de fleurs ? Dans ce Suffit la bagarre !8 سَئِمتُ العِراكَ, les dessins aux couleurs bien tranchées de Mazen Kerbaj rendent bien le ridicule de certaines situations. Et on ne peut que rire de ce duel improbable…
[Ma grand-mère Nafissa] جدّتي نفيسة, Taghreed al-Najjar, ill. Maya Fidawi. Dar al-Salwa, 2012. |
Nous rencontrons aussi, dans les albums, des personnages atypiques, singuliers : ainsi, [Abou Karkoubeh, Monsieur Bazar]9 أبو كركوبة, créé par Nabiha Mhaydli, autrice et éditrice, a un trouble compulsif : il remplit sa maison d’objets divers, quitte à n’avoir que l’espace d’un canapé pour vivre. Le lecteur éprouve de l’empathie pour cet homme si seul. Et cette grand-mère Nafissa10, excentrique et si attachante, qui vit à 200 à l’heure et entraîne son petit-fils – un peu dépassé et vite épuisé – dans une série d’activités fascinantes. Une belle figure féminine qui révolutionne l’image stéréotypée des grands-mères !
Les petites filles, d’ailleurs, ne sont pas en reste. Longtemps reléguées au second plan, elles s’imposent désormais tranquillement dans le paysage éditorial du Monde arabe comme des héroïnes à part entière. Certes, le monde de l’édition jeunesse, dans les pays arabes, compte un grand nombre de femmes à des postes de responsabilité, mais on peut aussi souligner le fait que les revendications féministes de plus en plus audibles dans la région se reflètent également dans les livres pour enfants, avec une envie de transmettre ces valeurs aux lecteurs et lectrices. Ainsi, Princesse... Comme je veux !11أميرة... على طريقتي, publié en français et en arabe par Samir éditeur, s’amuse à malmener les stéréotypes des modèles proposés tant aux filles qu’aux garçons. La petite Yasmine annonce à sa mère qu’elle veut être une princesse ; sa mère lui rétorque alors qu’une
[Maman est vieille] ماما كبیرة, Afra Mohammad Nadir Hatahit, ill. Anna Forlati. Kalimat, 2015 |
princesse passe son temps à attendre, pendant que le prince vit toutes sortes d’aventures... Dans [Pourquoi pas ?]12 ما المانع؟, Samia remplace son père, malade, et parcourt le village de nuit en tapant sur son tambour, pour réveiller les villageois et leur permettre de manger avant le lever du jour durant le mois de Ramadan. Signalons également [L’Équipe de Noura]13 نورافریق , de Fatima Sharafeddine : comme les garçons de l’équipe de football ne veulent pas la laisser jouer avec eux, Noura monte sa propre équipe, la première équipe mixte du village ! [Maman est vieille]14 ماما كبیرة aborde la question du diktat des apparences à travers le choix d’une maman de ne pas teindre ses cheveux gris, choix que sa fille, en butte aux remarques désobligeantes de ses copines, a du mal à accepter dans un premier temps.
[Une journée dans la vie de ma mère, enseignante d’arabe] يوم في حياة أمي٬ معلمة اللغة العربية, Nabiha Mhaydli, ill. Rima Koussa. Dar al-Hadaek, 2017 |
La représentation des mères est aussi intéressante, de ce point de vue. Il y a encore quelques années, on les représentait la plupart du temps comme des femmes au foyer, quitte à expliquer que c’était aussi un métier de s’occuper de sa famille. De plus en plus souvent dans les livres aujourd’hui, les mères ont des carrières, participent à des colloques, voyagent, lisent, gèrent en parallèle leur vie de famille et leur vie professionnelle. Ainsi, dans [Une journée dans la vie de ma mère, enseignante d’arabe]15يوم في حياة أمي٬ معلمة اللغة العربية, nous voyons cette femme active se réjouir en corrigeant les copies de ses élèves après une journée où tout est allé de travers. Dans Des lettres sous la porte16 رسائل من تحت الباب, nous faisons connaissance avec la maman de Ghayth, réalisatrice de cinéma. Le petit garçon en est très fier ! Mais voilà qu’un jour elle doit se rendre à Paris pour un tournage. La séparation est dure à vivre…
Ces quelques exemples illustrent bien la volonté de proposer aux lecteurs et lectrices des figures d’identification féminines fortes, sympathiques, valorisantes, et cela dès le plus jeune âge. Une façon de changer les mentalités tout en douceur...
[Ne t'inquiète pas papa] لا تقلق يا بابا, Taghreed al-Najjar, ill. Loujayna al-Assil. Dar al-Salwa, 2011 |
Parallèlement à la présence de ces héroïnes qui s’affirment, la place des pères évolue. Les pères « qui travaillaient » et qui brillaient par leur absence dans la vie quotidienne des enfants laissent la place à des papas qui sont présents, jouent avec leurs enfants, leur racontent des histoires… Dans [Moi et papa]17 أنا وبابا, par exemple, un garçon rêve à tout ce que son papa et lui pourraient partager de jeux et de plaisirs, illustrant la belle complicité qui les unit. Parfois, c’est le désir de l’enfant de passer du temps avec son père qui est au centre du récit, comme dans [Écoute-moi]18 اسمعني ou [Papa me manque]19 أشتاق إلى بابا, avec un dénouement où le petit obtient gain de cause, ce qui prouve bien que cette demande est considérée comme légitime. Ils sont aussi faillibles, ces pères, parfois débordés, comme on le voit dans [Ne t'inquiète pas papa]20 لا تقلق يا بابا, où la petite Jude vole au secours de son père, complètement perdu, et l’aide à faire les courses. Une représentation d’une réalité qui n’est pas limitée au Monde arabe…
On ose aussi aborder, dans les albums, des thématiques longtemps considérées tabous, comme le
[La Fenêtre ouverte] النافذة المفتوحة, Mihned al-Aqous, ill. Fereshteh Najafi. Dar al-Bouraq, 2016 |
divorce des parents, la maladie, le handicap, la guerre… Ce n’est plus un monde tout rose qu’on présente aux lecteurs, mais le monde tel qu’il est, perçu à hauteur d’enfant. Par exemple, dans l’album [J’ai deux maisons au lieu d’une]21 لي بدل البيت بيتان, un enfant doit faire face au divorce de ses parents et apprendre à en tirer le meilleur parti. Dans [Ma grand-mère va toujours se souvenir de moi]22 جدتي ستتذكرني دائما, c’est la maladie d’Alzheimer qui est abordée à travers la relation d’une fillette à sa grand-mère malade. Les efforts d’une petite fille, qui souffre d’un handicap moteur, pour s’adapter au rythme de ses camarades de classe, sont mis en lumière dans [Elle, elles, elles toutes]23هي هُما هُنّ. Enfin, [La Fenêtre ouverte]24 النافذة المفتوحة met en scène Hamid, un garçon qui dessine pour extérioriser sa peur et croire en l’avenir, dans une ville dévastée par la guerre.
Ces évolutions s’accompagnent, chez nombre d’éditeurs, d’une recherche graphique, d’une perception de l’album comme un objet-livre à concevoir dans tous ses aspects. Les illustrateurs et illustratrices sont souvent des professionnels qui ont fait les Beaux-arts, avec une spécialisation en illustration jeunesse, et qui ont également une connaissance de ce qui se fait au niveau international en matière de livres pour enfants. Les albums jeunesse deviennent alors un terrain propice à la création, voire, dans certains cas, à l’expérimentation graphique, qui touche aussi la typographie utilisée dans les ouvrages25.
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[Ma balle] طابتي, Nadine R.L. Touma, ill. Lara Assouad Khoury. Dar Onboz, 2011 |
Ces créateurs remarquables restent parfois méconnus à l’international, d’où l’idée de la Bibliothèque internationale pour enfants de Munich de mettre en lumière huit illustrateurs et illustratrices arabes26 de renom des quinze dernières années à travers une exposition, « De Marrakech à Bagdad. Illustrations du Monde arabe », inaugurée en octobre 2019. Cette exposition permet de découvrir, à travers 100 superbes illustrations, la grande variété des styles et des techniques utilisés par ces artistes au talent avéré. Appelée à circuler en Allemagne et à l’international, elle permettra aux visiteurs d’avoir un aperçu de l’illustration contemporaine dans le Monde arabe.
Le soin apporté à la fabrication des albums par une grande partie des éditeurs, à travers les papiers choisis, la qualité de l’impression et de la finition, aboutit à de beaux livres, d’une belle réalisation.
Des genres en évolution
Les albums ne sont pas le seul genre où une évolution se fait sentir. Ainsi, des premières lectures, petits romans illustrés destinés aux enfants autonomes en lecture, sont publiées par des éditeurs soucieux de combler le manque d’ouvrages spécifiques pour ce lectorat. Les thématiques qui y sont traitées rejoignent celles des albums, avec également quelques titres « à suspense ».
[Faten] فاتن, Fatima Sharafeddine. Kalimat, 2010 |
Nous remarquons également une augmentation du nombre de romans pour adolescents : des textes de fantasy, d’aventure, d’amour, de science-fiction, ou des livres-miroirs de la vie quotidienne en temps de guerre, par exemple, qui se situent parfois à la frontière entre livres pour la jeunesse et livres pour adultes. Il est très intéressant de remarquer, en dehors de la diversité des thématiques couvertes, le changement de ton et de style, en nette rupture avec ce qui était proposé auparavant en langue arabe aux adolescents. L’ouvrage qui pourrait le plus illustrer cette évolution (et un précurseur du genre) est le livre [Faten]27 فاتن, de Fatima Sharafeddine. Une jeune servante libanaise de quinze ans, dotée d’une volonté farouche de s’en sortir, n’hésite pas à tout mettre en œuvre pour réaliser son rêve : être infirmière. Elle devra se cacher pour étudier, et ne parler de ses rêves à personne, même pas à son amoureux, le fils des voisins, issu d’une « bonne famille ». Ce roman, qui aborde de front des thèmes dérangeants mais néanmoins bien présents dans la société libanaise, est novateur dans son style aussi. Des phrases courtes, percutantes, qui vont droit au but, un rythme soutenu, des chapitres ramassés, un style dépouillé, contrastent avec les tournures longues et descriptives généralement de mise dans les romans pour adolescents en langue arabe. Traduit depuis en plusieurs langues, régulièrement réédité, ce roman marque un tournant dans la production pour adolescents en langue arabe.
[Ajwan. Une histoire de science-fiction] أجوان. قصة من الخیال العلمي. Noura Ahmad al-Noman. Nahdet Misr, 2012 |
Signalons également le premier roman de science-fiction pour adolescents écrit (et non traduit) en arabe, [Ajwan. Une histoire de science-fiction]28 أجوان. قصة من الخیال العلمي, dont les deux tomes ont conquis le lectorat. L’écriture est fluide, l’intrigue pleine de rebondissements, les personnages sont crédibles, bien construits. L’autrice émirienne, Noura Ahmad al-Noman, n’enjolive pas la réalité des relations humaines, comme c’était souvent le cas auparavant. Son roman est parfois dur, parfois tendre et délicat, mais il sonne toujours vrai. Là aussi, le ton juste pour s’adresser aux adolescents a été trouvé.
Le groupe Kalimat consacre un pôle éditorial aux bandes dessinées à travers la marque Comics كومكس qui propose des traductions vers l’arabe mais aussi quelques créations originales : c’est dire l’intérêt que le genre suscite… À titre d’exemple, [Antara]29 عنترة est consacrée à un héros arabe du VIe siècle, Antara Ibn Shaddad, l’illustre chevalier poète, né esclave puis affranchi, dont les exploits et les amours lyriques avec Abla ont traversé les siècles.
Notons que nous ne remarquons pas encore une émergence significative de bandes dessinées pour les petits lecteurs, le public visé étant les adolescents, voire les adultes.
[Papa arrive quand ?] ؟ بابا جاي إمتى. Helmi al-Touni. Dar al-Shorouk, 2015 |
Les comptines et les chansons publiées sont de plus en plus présentes, avec une volonté affichée des éditeurs, comme Dar al-Shorouk30 en Égypte ou Dar al-Salwa31 en Jordanie, de mettre par écrit et de transmettre le patrimoine oral à travers des ouvrages soigneusement réalisés, illustrés, accompagnés ou non de supports audio ou vidéo.
Les documentaires créés en arabe – et non traduits – sont généralement dédiés à la transmission de l’histoire ou du patrimoine culturel arabes. Des ouvrages sur les personnages arabes célèbres, comme [Ibn Battouta]32 بطوطةابن , sur l’histoire de la calligraphie arabe33, mais aussi sur des artistes arabes contemporains34 sont proposés aux lecteurs. Des livres d’activités ont également fait une entrée dans la production du Monde arabe : certains sont de superbes objets de grand format (42 x 29,5 cm), comme les sept livrets de la collection Vole Oiseau Vole – Fly Bird Fly35 طیریا طیر , alors que d'autres restent dans des formats plus conventionnels tout en proposant des contenus très intéressants, pour occuper les enfants durant le mois de Ramadan, par exemple.36
Un engagement militant
Les différents entretiens avec les professionnels arabes du livre ou leurs articles publiés dans Takam Tikou37 illustrent un fait : éditer des ouvrages pour la jeunesse dans le Monde arabe est souvent le fruit d’un engagement militant. Des éditrices (le métier s’est beaucoup féminisé) ont ainsi fondé leur propre maison d’édition car elles ont constaté un manque de bons et de beaux livres en arabe dans lesquels les jeunes lecteurs pourraient se retrouver, se reconnaître. Certaines sont d’ailleurs autrices des ouvrages qu’elles publient pour combler un manque repéré dans la production.
« Nous avons considéré que les enfants [arabes] avaient droit à une belle bibliothèque, qui puise dans leur patrimoine, leur langue et leur identité, exactement comme tous les autres enfants du monde ont à leur disposition une bibliothèque présentant tous les genres et toutes les formes de livres, conçus de manière très professionnelle»,38 dit Nabiha Mhaydli, autrice et fondatrice de Dar al-Hadaek au Liban.
Certaines évoquent leur envie de transmettre leur amour de la langue arabe à la jeune génération à travers les livres. La question du choix de la langue d’écriture ou d’édition devient alors cruciale : Nadine Touma, fondatrice de Dar Onboz et autrice, milite pour la publication des ouvrages en arabe dialectal :
« Chaque langue a son propre rythme, ses propres tournures, ses propres mots… Moi, j’ai besoin de voir ma langue, le dialecte libanais, imprimée, publiée ; ça fait partie de mon style, de mon souffle… »39.
Mais la grande majorité des éditeurs opte pour l’arabe standardisé, langue de la scolarité des enfants farouchement défendue par les professeurs, et qui ouvre les portes des marchés d’autres pays arabes ayant cette langue en partage. Dans ce débat non tranché, notons une démarche intéressante, qui consiste à écrire les dialogues en arabe dialectal et le reste du texte en arabe standardisé.40
C’est l’engagement militant de ces « faiseuses de livres » qui a permis à la littérature pour la jeunesse du Monde arabe de gagner ses lettres de noblesse et de jouir d’une reconnaissance bien méritée.
Des défis à relever
Les éditeurs du Monde arabe sont de plus en plus présents sur les réseaux sociaux, dans les foires nationales, régionales et internationales du livre, ce qui confère une belle visibilité à leurs publications dont certains gagnent d’ailleurs des prix internationaux. Il est actuellement nettement plus facile d’avoir des informations sur les nouveautés d’une maison d’édition jeunesse arabe qu’aux débuts de Takam Tikou en ligne. Des rencontres avec les auteurs sont organisées ainsi que des ateliers animés par des illustrateurs. La promotion de la littérature de jeunesse du Monde arabe est donc de mieux en mieux assurée par ceux qui font cette littérature, ce qui conduit également à plus de ventes de droits et donc de traductions des ouvrages en langue arabe vers d’autres langues, ce qui est un phénomène assez récent dans le paysage éditorial du Monde arabe41. Mais une question épineuse demeure : celle de la distribution.
Car la distribution des livres en arabe reste un problème majeur. Alors qu’une demande de plus en plus importante émerge d’Europe et des Amériques, suite aux afflux de réfugiés et de migrants dans ces régions, les livres en arabe peinent à atteindre leur lectorat international ; le manque d’un réseau de distribution organisé, viable, est flagrant. Les éditeurs sont donc amenés à gérer leur propre distribution ; en l’absence de regroupements permettant de fédérer les envois, les coûts d’acheminement sont plus élevés, ce qui a un impact immédiat sur le prix de vente des ouvrages dans les pays importateurs.
La distribution n’est pas le seul défi auquel les acteurs arabes du livre doivent faire face. Indépendamment des problématiques locales de l’économie du livre, la crise économique mondiale qui se profile suite à l’urgence sanitaire liée au Covid-19 va nécessairement avoir un impact sur l’activité des créateurs et des éditeurs du Monde arabe. L’économie du livre en sera fortement secouée ; la rudesse du choc et ses conséquences à plus ou moins long terme dépendront notamment de la structure financière de chaque maison d’édition et des éventuelles aides qui pourraient être mises en place, au niveau local par les États, ou au niveau international par des organismes spécialisés. Dans ce contexte, l’accès à un marché international, couvrant des pays ayant un pouvoir d’achat plus élevé que dans le Monde arabe, serait un réel atout.
Considérée pendant longtemps comme une littérature émergente, la littérature de jeunesse du Monde arabe a fait ses preuves et a conquis une reconnaissance nationale, régionale et internationale justifiée. Ses acteurs se sont professionnalisés, ses publications ont gagné en qualité et en originalité, les genres et les thématiques couverts se sont diversifiés. Espérons que ses acteurs imagineront des solutions à la mesure des défis qui les attendent. Car, outre une langue commune, ils ont en partage une passion du livre jeunesse, comme le formule si bien la Sheikha Bodour al-Qasimi, fondatrice et directrice générale du Kalimat Publishing Group :
« Les livres ont la capacité d’ouvrir le monde à leurs lecteurs, de leur donner une chance de voyager vers des lieux qu’ils ne verront peut-être jamais, d’expérimenter des cultures qu’ils ne pourront jamais rencontrer autrement, d’explorer des idées qui sinon leur resteraient étrangères et d’acquérir une compréhension de la façon dont les diverses facettes du monde s’agencent pour créer ce merveilleux ensemble »42.
Notes et références
1. Takam Tikou compte trois éditions par an. De 2010 à 2018, ces éditions sont proposées en mars, juillet et novembre. À partir de 2018, les éditions sont programmées en mars, juin et octobre. Le dossier annuel est toujours publié en mars.†
2. Liste des membres du Comité Monde arabe de Takam Tikou au cours des dix dernières années (les noms des membres actuels du Comité de lecture sont en gras) : Sabrina Alilouche, Faïza Belmeliani, Haïfa Braïki, Hasmig Chahinian, Michaël Chik, Anne-Gaëlle Donnet, Naïla Hanna, Nawel Lalam, Isabelle Plet, Sarah Rolfo, Nathalie Sfeir, Marianne Weiss, Laurence Veyssier, Safia Ziour. Des notices rédigées par des membres du CNLJ ont parfois été reprises dans les bibliographies.†
3. Les 22 pays arabes sont : l'Algérie, l'Arabie saoudite, le Bahreïn, les Comores, Djibouti, l'Égypte, les Émirats arabes unis, l'Irak, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Libye, la Mauritanie, le Maroc, l'Oman, la Palestine, le Qatar, la Somalie, le Soudan, la Syrie, la Tunisie, et le Yémen.†
4. Ce chiffre n’inclut donc pas les ouvrages en attente ou en cours de traitement.†
5. Contes traditionnels palestiniens قصص من التراث الشعبي الفلسطيني, Sharif Kanaana, ill. Ahmad Al-Khaldi, trad. Praline Gay-Para. Ramallah (Palestine) : Tamer Institute for Community Education, 2009. Ce livre est le fruit d’une collaboration entre le COBIAC (Collectif de bibliothécaires et intervenants en action culturelle) et l’association culturelle palestinienne Al-Rowwad. Il a bénéficié du soutien du Conseil général des Bouches-du-Rhône (France).†
6. [Ne joue pas avec le coq !] !لا تلعب مع الديك, Hassan Abd-Allah, ill. Lena Merhej. Beyrouth (Liban) : Dar al-Saqi, 2018.†
7. [Je rêve d’être une bétonneuse !] !أحلم أن أكون خلاط إسمنت, Hussein al-Mutawaa, ill. Walid Taher. Beyrouth (Liban) : Dar al-Hadaek, 2018.†
8. Suffit la bagarre ! سَئِمتُ العِراكَ, Lenia Major, ill. Mazen Kerbaj. Beyrouth (Liban) : Samir, 2012. Existe en français et en arabe dans deux éditions séparées.†
9. [Abou Karkoubeh, Monsieur Bazar] أبو كركوبة, Nabiha Mhaydli, ill. Walid Taher. Beyrouth (Liban) : Dar al-Hadaek, 2019. Cet album a reçu le prix Etisalat 2019 du meilleur album jeunesse arabe.†
10. [Ma grand-mère Nafissa] جدّتي نفيسة, Taghreed al-Najjar, ill. Maya Fidawi. Amman (Jordanie) : Dar al-Salwa, 2012.†
11. Princesse... Comme je veux ! أميرة... على طريقتي, Myrna Massad Rougier, ill. Zeina Bassil, trad. Elissar Sani' Asmar. Beyrouth (Liban) : Samir éditeur, 2013. Existe en français et en arabe dans deux éditions séparées.†
12. [Pourquoi pas ?] ؟المانعما, Taghreed al-Najjar, ill. Hassan Manasrah. Amman (Jordanie) : Dar al-Salwa, 2013.†
13. [L’Équipe de Noura] نورافریق , Fatima Sharafeddine, ill. Hassan Zahr al-Din. Sharjah (Émirats arabes unis) : Kalimat, 2015.†
14. [Maman est vieille] ماما كبیرة, Afra Mohammad Nadir Hatahit, ill. Anna Forlati. Sharjah (Émirats arabes unis) : Kalimat, 2015.†
15. [Une journée dans la vie de ma mère, enseignante d’arabe] يوم في حياة أمي٬ معلمة اللغة العربية, Nabiha Mhaydli, ill. Rima Koussa. Beyrouth (Liban) : Dar al-Hadaek, 2017.†
16. Des lettres sous la porte رسائل من تحت الباب, Salma Koraytem, trad. de l’arabe Marwan Abdo-Hanna, ill. Noémie Honeim. Beyrouth (Liban) : Samir, 2018 (Collection Tarif Zarif). Existe en français et en arabe dans deux éditions séparées.†
17. [Moi et papa] أنا وبابا, Abir Balan, ill. Joëlle Achqar. Sharjah (Émirats arabes unis) : Kalimat, 2010.†
18. [Écoute-moi] اسمعني, Rania Hussein Amin, ill. Walid Taher. Le Caire (Égypte) : Dar al-Balsam, 2018.†
19. [Papa me manque] باباأشتاق إلى , Abir Balan, ill. Maya Fidawi. Sharjah (Émirats arabes unis) : Kalimat, 2008 (Collection Zein).†
20. [Ne t'inquiète pas papa] لا تقلق يا بابا, Taghreed al-Najjar, ill. Loujayna al-Assil. Amman (Jordanie) : Dar al-Salwa, 2011 (Collection Al-Halzouna [L'escargot]).†
21. [J’ai deux maisons au lieu d’une] لي بدل البيت بيتان, Lorca Sbeity, ill. Mona Yakzan. Beyrouth (Liban) : Dar al-Saqi, 2017.†
22. [Ma grand-mère va toujours se souvenir de moi] جدتي ستتذكرني دائما, Samar Mahfouz Barraj, ill. Maya Fidawi. Beyrouth (Liban) : Yuki Press, 2012.†
23. [Elle, elles, elles toutes] هي هُما هُنّ, Nouhla Ghandour, ill. Jana Traboulsi. Beyrouth (Liban) : Al-Khayyat al-Saghir, 2010.†
24. [La Fenêtre ouverte] النافذة المفتوحة, Mihned al-Aqous, ill. Fereshteh Najafi. Bagdad (Iraq) : Dar al-Bouraq, 2016.†
25. Ainsi, l’ouvrage [Ma balle] طابتي, publié par Dar Onboz, maison d’édition libanaise avant-gardiste, propose une calligraphie géométrique spécialement modélisée pour ce livre. [Ma balle] طابتي, Nadine R.L. Touma, ill. Lara Assouad Khoury. Beyrouth (Liban) : Dar Onboz, 2011. Cet ouvrage a d’ailleurs reçu le prix Opera Prima 2012 de la Foire du livre pour enfants de Bologne.†
26. Les artistes sélectionnés dans le cadre de cette exposition sont Fadi Adleh, Said Baalbaki, Salah Elmur, Simar Halwany, Hanane Kai, Intelaq Mohammad Ali, Walid Taher, et Hassan Zahreddine.†
27. [Faten] فاتن, Fatima Sharafeddine. Sharjah (Émirats arabes unis) : Kalimat, 2010.†
28. [Ajwan. Une histoire de science-fiction] أجوان. قصة من الخیال العلمي. Noura Ahmad al-Noman. Le Caire (Égypte) : Nahdet Misr, 2012 (3e édition). Prix Etisalat du meilleur roman pour adolescents en 2013.
[Mandan. Deuxième partie du roman « Ajwan » (Science-fiction)] ماندان. الجزء الثاني من رواية ”أجوان‟ (خيال علمي). Noura Ahmad al-Noman. Le Caire (Égypte) : Nahdet Misr, 2014 (2e édition).†
29. [Antara] عنترة, Mumen Hilmi, ill. Ashraf Ghori. Sharjah (Émirats arabes unis) : Comics, 2018.†
30. [Papa arrive quand ?] ؟ بابا جاي إمتى| [Il était une dame] كان في واحدة ست | [Vive Abou al-Fassad] .یحیى أبو الفصاد Helmi al-Touni. Le Caire (Égypte) : Dar al-Shorouk, 2015.†
31. Citons à titre d’exemple les deux coffrets [Coffret "Comptines de la petite enfance"]أهازيج الطفّولة المبكرة . Adapt. Taghrid Al-Najjar, ill. Hiba Farran. Amman (Jordanie) : Dar al-Salwa, 2010 et 2013.†
32. [Ibn Battouta] بطوطةابن, Fatima Sharafeddine, ill. Intilaq Mohammad Ali. Sharjah (Émirats arabes unis) : Kalimat, 2010. Nouvelle édition : [Ibn Battouta] ابن بطوطة, Fatima Sharafeddine, ill. Hasan Amikan. Sharjah (Émirats arabes unis) : Kalimat, 2018.†
33. [Histoires des calligraphes] حواديت الخطاطين, Mohieddine Ellabbad. Le Caire (Égypte) : Dar al-Shorouk, 2013 (Kitâb lil-fatayân wa-l-fatayât - wa-l-kibâr aydan !). Existe également en version bilingue : Petite histoire de la calligraphie arabe حواديث الخطاطين, Mohieddine Ellabbad, trad. de l’arabe Yves Gonzales-Quijano. Marseille (France) : Le port a jauni, 2019.†
34. Par exemple, [Les Lumières du café Le Zeyer] أضواء مقھى الزییر, Rim Sayegh Najjar et Bassam Qahwaji. Beyrouth (Liban) : Hachette Antoine, Alarm Editions, 2015. L’ouvrage est consacré à l’artiste peintre libanais Shafiq Abboud.†
35. Vole Oiseau Vole – Fly Bird Fly طیر یا طیر, Nadine Touma et Hiba Farran, ill. Hiba Farran. Beyrouth (Liban) : Dar Onboz, 2016.†
36. [Ramadaniyyat] رمضانيّات, Hala Mohammad Al-Tourki, ill. Dina Khalifa. Sharjah (Émirats arabes unis) : Kalimat, 2011.†
37. Lire à ce propos les interviews publiées dans les rubriques Vie du livre ou dans les dossiers annuels de Takam Tikou.†
38. « Des magazines aux livres pour la jeunesse : entretien avec Nabiha Mhaydli, éditrice », propos recueillis par Hasmig Chahinian, traduits par Samar Abou-Zeid. Takam Tikou, Juin 2011.†
39. « La maison d’édition Dar Onboz : une audace éditoriale », propos de Nadine Touma recueillis par Hasmig Chahinian, Dossier « Takam Tikou a 20 ans », Mars 2012.†
40. Cf. Dossier « Langues et livres pour la jeunesse», Takam Tikou, mars 2012.†
41. « La Sheikha Bodour de Sharjah place le livre et la lecture des jeunes au centre de ses priorités », propos recueillis et traduits par Hasmig Chahinian. Takam Tikou, Novembre 2012.†
42. Ibidem.†
Pour aller plus loin
- Hala Bizri, Quelles langues pour la littérature de jeunesse dans les pays arabes ?, in Takam Tikou, dossier « Langues et livres pour la jeunesse », mars 2012.
- Hasmig Chahinian, Faire une place aux dialectes, un défi pour la littérature de jeunesse du Monde arabe ?, in Takam Tikou, dossier « Langues et livres pour la jeunesse », mars 2012.
- « Des magazines aux livres pour la jeunesse : entretien avec Nabiha Mhaydli, éditrice », propos recueillis par Hasmig Chahinian, traduits par Samar Abou-Zeid. Takam Tikou, Juin 2011.
- « En quoi la distribution du livre peut-elle menacer le patrimoine culturel ? », propos recueillis par Hasmig Chahinian, traduits par Laurence Kiefé, Takam Tikou, novembre 2010.
- « Fatima Sharafeddine, une aventurière du livre de jeunesse entre l’Europe et le Monde arabe », propos recueillis par Hasmig Chahinian, Takam Tikou, novembre 2011.
- Dossier « Langues et livres pour la jeunesse », Takam Tikou, mars 2012.
-
« Kalimat, des mots et des livres aux Émirats arabes unis : rencontre avec Dareen Charafeddine », propos recueillis par Hasmig Chahinian, traduits par Laurence Kiefé, Takam Tikou, novembre 2010.
-
« La maison d’édition Dar Onboz : une audace éditoriale », propos de Nadine Touma recueillis par Hasmig Chahinian, Dossier « Takam Tikou a 20 ans », Mars 2012.
- « La Sheikha Bodour de Sharjah place le livre et la lecture des jeunes au centre de ses priorités », propos recueillis et traduits par Hasmig Chahinian. Takam Tikou, Novembre 2012.
- Les interviews et articles publiés dans les rubriques Vie du livre, Vie des bibliothèques ou dans les dossiers annuels de Takam Tikou.
- Les bibliographies Monde arabe publiées dans Takam Tikou.