Gbêhanzin
On trouvera en fin d'ouvrage un résumé des éléments historiques de cette bande dessinée, suivi de quelques photos d’époque, et il n'est pas inutile de le lire en premier si on n'est pas familier avec l'histoire du royaume du Dahomey (Danxomè dans le livre). Souverain absolu, Gbêhanzin Aïdjrè (1844-1906), le roi requin, règne sans partage jusqu'à l'arrivée des colonisateurs français dans les années 1890. Les auteurs racontent la geste héroïque et tragique de ce héros, « l’une des plus grandes figures de l’histoire des résistances africaines ». Il ne capitula que trahi par ses adversaires, qui le déportèrent par ruse en Martinique puis en Algérie où il finit ses jours tristement. C'est une sombre histoire, pleine de bruit et de fureur, où la violence des batailles est montrée sans concessions, surtout quand les Agodjiés, les farouches amazones de la garde royale, interviennent. Elle est racontée avec force et talent par ses auteurs, béninois : l’écrivain reconnu Florent Couao-Zotti (l’auteur, entre autres, de Charly en guerre) et du jeune dessinateur de presse Constantin Adadja qui s’essaie ici à l’aquarelle et qui s'explique dans une interview sur la genèse de son travail. Un article donne des informations complémentaires sur l'élaboration de l'album et les controverses qui ont suivi sa parution. Belle fabrication (couverture cartonnée, papier glacé, cahiers cousus). Rappelons, parmi d’autres œuvres (essais, pantomime…) sur Gbêhanzin ou Béhanzin, la pièce de théâtre de Jean Pliya Kondo le requin (1969) et le film de Guy Deslauriers L’Exil du roi Béhanzin (1994) scénarisé par Patrick Chamoiseau. Enfin, signalons que l’on trouve de nombreuses photographies de Béhanzin sur Gallica, la bibliothèque numérique de la Bibliothèque nationale de France.
CR