Salima, la petite mariée précoce
Salima est une jeune fille guinéenne de treize ans. Sa vie bascule le jour où elle apprend que son père l’a promise à un homme d’une soixantaine d’années et qu’elle doit interrompre sa scolarité pour devenir la troisième coépouse de ce dernier. Dans ce récit à la première personne, Salima raconte les épisodes clés de son mariage forcé : sa détresse, sa grossesse pénible, son accouchement par césarienne d’un enfant mort-né. Elle sera finalement répudiée par son mari, ce qui va faire comprendre à son père son erreur et permettre à Salima de rentrer chez elle. Momo Mafering Camara aborde ici, dans une langue claire et accessible, un phénomène qui, selon l’UNICEF, touche douze millions de filles par an dans le monde. Si le personnage de Salima reste peu développé, c’est parce qu’il s’agit moins de raconter un destin singulier que d’alerter sur un sujet d’une triste actualité. Outre le message important, les dessins en couleurs de Mamadou Alimou Diallo méritent le détour. Ses magnifiques ciels infinis évoquent la liberté et contrastent avec les contours noirs des cases et des personnages, soulignant ainsi l’enfermement de Salima. Notons également les très belles reproductions des textures des vêtements traditionnels. Par ailleurs, le choix de la mise en pages – une illustration de pleine page sur la page de gauche et le texte ainsi qu’un même dessin de Salima revenant page après page sur celle de droite – est une façon originale de représenter visuellement l’acte de narration prise en charge par la jeune fille. En insistant sur la prise de parole de Salima, les illustrations redonnent à la fille meurtrie, une force, porteuse d'espoir. (EM)