Pour une reconnaissance et une visibilité du livre camerounais pour la jeunesse

Par Cédric Christian Ngnaoussi Élongué, Université Senghor, Alexandrie
portrait photo de Christian Elongue

Si dans certains pays du monde l’importance du livre pour la jeunesse est reconnue et beaucoup est fait pour en favoriser le développement et l’accès, dans bien d’autres pays ce n’est pas encore le cas. Christian Élongué, étudiant à l’Université Senghor d’Alexandrie en Égypte, a mis cette question au centre de sa vie professionnelle. Il présente ici son projet et la première étape vers sa réalisation : un état de lieux de la littérature camerounaise pour la jeunesse.

Un projet professionnel

Le livre est un vivre pour l’esprit. Support de transmission des savoirs d’une communauté, il participe à l’information, la formation et la transformation de la société. Vecteur de la langue et de la culture, il contribue à la diffusion des valeurs d’un peuple. Son rôle dans la construction de l’imaginaire et de l’identité de l’enfant est fondamental. Au Cameroun cependant, trois constats sont faits sur les pratiques de lecture des jeunes : d’une part, « Les jeunes ne lisent pas ou lisent de moins en moins»; d’autre part « il n’y a pas assez d’activités relatives àla promotion, àl’animation autour du livre et quand elles existent, très peu sont connues des publics (lecteurs), peu médiatisées, et donc sans impact sur le populations et sur l’économie du secteur»; enfin « les activités initiées viennent très souvent de quelques associations culturelles et n’intéressent pas toujours les acteurs étatiques qu’il s’agisse des institutions communales, départementales»1.

Les pratiques de lecture, assez régulières durant les années scolaires, se raréfient au fur et à mesure que les enfants grandissent. Ils développent néanmoins un engouement croissant pour les nouvelles technologies et le numérique. Nous pensons, justement, que le numérique et les nouveaux médias pourraient jouer un rôle important dans la promotion et la valorisation du livre auprès des jeunes et des adultes, aux niveaux du politique, du culturel, de l’enseignement, de la vie familiale… C’est pourquoi nous travaillons, dans le cadre de nos études à l’Université Senghor d’Alexandrie (Égypte), sur un projet de conception d’un site web autour du livre de jeunesse camerounais.

Notre volonté est, d’une part, de lutter contre la représentation essentialiste selon laquelle les Africains n’aimeraient point la lecture et le livre serait un lieu idéal pour occulter un trésor de la vue des Noirs. D’autre part, nous voulons contribuer à la (re)connaissance du poids économique et symbolique de la littérature pour la jeunesse en Afrique noire francophone. Enfin, nous avons la volonté d’employer le numérique et les nouveaux médias de manière efficiente et optimale pour accroitre la visibilité du livre camerounais pour la jeunesse à l’ère d’une mondialisation culturelle. Ce site web camerounais – mais aussi africain et international – a pour but de mettre en valeur le livre de jeunesse, de sensibiliser et informer les acteurs culturels et le grand public, de proposer des médiations diverses. Nous souhaitons à moyen terme mettre sur pied une équipe spécialisée pour l’étude et la veille critique sur le livre, la lecture et l’enfance au Cameroun. Enfin, ce site permettra à long terme d’établir la littérature jeunesse comme champ de recherche scientifique  au sein des programmes universitaires camerounais.

Un stage à la Bibliothèque nationale de France

C’est dans cette perspective que nous avons effectué en 2016 un stage de trois mois au Centre national de littérature pour la jeunesse (CNLJ) de la Bibliothèque nationale de France, comme une première étape vers la création de ce site web.  Le CNLJ, lieu d’information, de formation et de promotion du livre et de la lecture pour enfants, a été un cadre idéal pour nous former. Cette structure assure depuis 1986 la promotion du livre et de la lecture des jeunes en Afrique francophone, et dispose du plus important fonds documentaire sur le sujet. Les recherches et les travaux critiques qui y sont menés en permanence sont visibles dans la revue en ligne Takam Tikou pour ce qui concerne l’Afrique mais aussi, pour la France, dans La Revue des livres pour enfants, des guides et autres ouvrages comme Escales en littérature de jeunesse, le Guide pratique de l’illustrateur et autres.  Les données que nous analysons ici et les conclusions auxquelles nous sommes parvenus, ont été facilitées par les recherches que nous avons menées au CNLJ.

Ce stage nous a permis d’une part d’approfondir nos connaissances sur la littérature de jeunesse en général, participant à des comités de lecture et à d’autres travaux du Centre. D’autre part, il nous a permis de collecter des données sur l’ensemble des œuvres camerounaises pour la jeunesse, de l’origine à nos jours, nécessaires pour la future mise en œuvre du site. En effet, le CNLJ disposait d’un récensement des livres camerounais parus au Cameroun et en France entre 2000 et 2015. Nous l’avons complété avec les données des ouvrages parus avant 2000 et en 2016, puis nous avons récensé les études critiques consacrées à la littérature de jeunesse au Cameroun. Nous avons aussi pu réaliser des entretiens avec différents acteurs du livre de jeunesse camerounais résidant en France et en Belgique : les auteurs Kidi Bebey , Marie Félicité Ebokéa, Christophe Ngallè Edimo,  Djehuty Biyong,  Louis Atangana, les auteurs-illustrateurs Christian Kingue Epanya, Joelle Esso et Marie Wabbes (Belgique)…2

Petit aperçu de l’évolution de la littérature camerounaise pour la jeunesse…

Nous avons recensé environ 360 titres3 de livres pour enfants, tous genres confondus, parus entre 19324 et 2016.  S’il est vrai que le tout premier livre de jeunesse, La Rate et les quatre ratons de Yohanes Yerima, considérée comme la première bande dessinée africaine, date de 1932, il faut attendre un quart de siècle, soit 1957, pour que Michel Modo réalise la mini bande dessinée L’Épopée des jumeaux Afini et Kara5. Les femmes entrent en scène l’année

Couverture de l'exemplaire conservé à la BnF de Ngonda de Marie-Claire Matip.

d’après avec la parution de Ngonda6 de Marie Claire Matip en 1958 ; ce récit autobiographique serait le premier livre pour la jeunesse africain. Nous constatons donc que la littérature camerounaise de jeunesse est la pionnière en Afrique francophone subsaharienne et Marie Claire Matip, la première auteure de jeunesse.

Après Ngonda s’installe une période creuse de dix années puis, à partir de 1969, paraissent des recueils de contes et en 1972, chez Clé, Un enfant comme les autres, le premier des livres pour enfants de Pabé Mongo, l’un des pionniers sinon le père de la littérature de jeunesse africaine. Charles Binam Bikoï réunit, traduit et publie en 1977 à Paris chez CILF-Edicef les Contes du Pays des Rivières puis les Contes du Cameroun en 1978. Il œuvre désormais dans la promotion des langues nationales dans l’enseignement, dans l’écriture de livres pour enfants et la recherche à travers le CERDOTOLA7.

La décennie 80 est marquée par la parution de la première pièce théâtrale pour la jeunesse, La Forêt Illuminée (Paris, ABC 1987) de Gervais Mendo Zé. À signaler aussi deux BD sur le football camerounais8 et surtout Comptine – Poésies – Chants (Yaoundé : CEPER 1990) de Marguerite Eko Ebonguè. Cette enseignante, consciente que la littérature constitue « un besoin évident pour les tout petits », a recueilli les textes auprès des tout-petits pendant les récréations, dans la rue et auprès de ses collègues enseignants.

Si c’est à partir des années 1970 que la production devient plus constante, elle prend son essor dans les années 1990, avec notamment les albums parus chez Akoma Mba. De nombreux auteurs-illustrateurs, formés par l’illustratrice belge Marie Wabbes9, y publieront leurs premiers albums.

Tous les graphiques ont été réalisés par Christian Élongué

Depuis 2009, la moyenne est de 21 nouveaux livres pour enfants par an, parus au Cameroun ou en France. Cet essor ne repose que sur la volonté plus que jamais tenace de ses écrivains, au Cameroun et au-delà des frontières, comme le montre l’article de Ferdinand Tchotouo dans Takam Tikou. Outre la naissance régulière de nouvelles œuvres, on remarque d’une part une montée en puissance et une hégémonie des femmes, qui produisent régulièrement des textes de qualité. D’autre part, on note que les livres abordent des thématiques de plus en plus osées (le viol, l’excision, la corruption…) rompant définitivement avec le tabou et le non-dit. Aujourd’hui les livres pour la jeunesse traitent de tous les sujets, sinon presque, que ceux-ci soient pédagogiques, subversifs, comiques, tragiques…  La vitalité de la littérature camerounaise pour la jeunesse  pourrait faire du pays un moteur de l’édition jeunesse en Afrique, mais la chaîne éditoriale connaît des défis importants qui ralentissent la dynamique.

… et petit aperçu de l’édition

1ère édition, 1972
4ème édition, 2011

L’histoire de l’édition pour la jeunesse débute au Cameroun avec la Librairie Au Messager, qui en 1958 publie donc Ngonda, ainsi que des recueils de contes. Cependant, ces publications restèrent isolées et on considère en général le Centre de Littérature Évangélique – Clé, crée en 1963, comme la première maison d’édition africaine, et la première maison d’édition jeunesse au Cameroun. C’est Clé qui a publié en 1972 Un enfant comme les autres, dans la collection Pour tous, et elle a continué à publier pour les jeunes depuis, participant à l’essor des années 1990 ; elle est la principale actrice de l’édition jeunesse au Cameroun.

C’est en 1995 et en 2006 que naissent des maisons d’édition consacrées exclusivement à la littérature de jeunesse : Akoma Mba et Tropiques. Elles ont contribué  à la consolidation de la place de la littérature jeunesse dans le paysage culturel au Cameroun, avec près d’une quarantaine de parutions. Malheureusement, Akoma Mba a disparu, à cause de problèmes financiers – à ce propos, le responsable des éditions Tropiques Edmond Mballa Elanga, rappelle qu’« un éditeur se doit d’être un acteur indépendant. Les subventions peuvent s’arrêter d’un jour à l’autre, sans oublier qu’elles peuvent conduire à l’autocensure ; c’est un véritable cercle vicieux dont on a du mal à sortir ». Autre ces deux maisons d’édition spécialisées, les autres sont des maisons généralistes ayant créé des collections pour la jeunesse : Clé de l’Avenir chez Clé, Bambino et Jeunesse chez Ifrikiya10.

Les défis pour l’édition jeunesse au Cameroun sont les mêmes que partout ailleurs en Afrique : « besoin de formation dans toute la chaîne du livre, coût élevédu papier et des encres importés, faiblesse des canaux de distribution, prix de vente inabordables pour la majorité des familles, manque d’habitudes de lecture… »11. Pour le Cameroun, un excellent ouvrage a été publié récemment12 sur la question par un spécialiste de l’édition africaine francophone. 

Paris, capitale de la littérature camerounaise pour la jeunesse ? 

Si l’on considère les éditeurs, 54,11% des livres parus avant 2000 furent publiés par des maisons d’édition camerounaises. Des années 2000 à nos jours, « l’expatriation éditoriale » s’accentue puisque sur les 241 titres, seulement 77 ont été publiés au Cameroun, soit 31,95%...  Au total, seulement 37,73% des titres sont parus au Cameroun, soit 123 livres sur 326. Parmi les livres publiés à l’étranger, 6.44% soit 21 titres ont été publiés dans d’autres pays africains – NEAS à Dakar, Cauris-livres et Donniya au Mali et Lazhari Labter en Algérie. C’est-à-dire que 44,17 % des titres camerounais de jeunesse sont parus sur le continent africain et 55,83% en France.

Pour ce qui est des auteurs, on note un grand contraste entre le nombre de titres publiés par des auteurs résidant en France et ceux parus au Cameroun : les huit auteurs qui ont publié le plus de titres vivent en France. Ainsi, Jessica Reuss Nliba (25 titres), Christian Kingué Epanya (24) et Kidi Bebey (17). Les auteurs ayant publié au Cameroun apparaissent à la 9ème et 10ème position, avec Edmond Mballa Elanga (6) et Emmanuel Matateyou (6).

Bien que sur la période 2000-2016 le nombre d’auteurs résidant au Cameroun (13) et ceux résidant en France (14) soit équilibré,  leur « poids éditorial »est loin de l’être : les premiers ne génèrent que 21 % de la production tandis que les seconds en génèrent 79%. Autrement dit, la vie de la littérature camerounaise pour la jeunesse dépend largement des maisons d’édition françaises et des auteurs de la diaspora.

Les problèmes évoqués par rapport à l’environnement éditorial et la politique du livre impactent la création littéraire et entravent la maturation de la littérature camerounaise pour la jeunesse. Le directeur du livre et de la lecture, au lendemain du SILYA13 déclarait : « nous restons convaincus que pour développer une industrie du livre prospère et pérenne, il faut nécessairement avoir des appuis en direction du livre de jeunesse pour former et créer des lecteurs potentiels qui, plus tard, deviendront des pourvoyeurs du marché. »14 Des actions de promotion-diffusion tant numérique que physique comme le SILYA et le FESCARHY15, doivent être encouragées et démultipliées.

C’est donc dans ce décor que s’ancre notre projet de création d’une plateforme de promotion numérique de la littérature camerounaise de jeunesse. La majorité des maisons d’édition, bibliothèques et librairies du Cameroun ne disposent pas de catalogue en ligne, rendant difficile l’accès et la visibilité de leurs collections jeunesse. Notre site centralisera les informations sur la vie du livre de jeunesse et ses acteurs au Cameroun. La documentation numérique que nous avons élaborée comporte des bases de données (les œuvres, les auteurs, les éditeurs, les libraires), des entretiens, des interviews et des ressources sur les institutions en charge de la promotion du livre de jeunesse tant au Cameroun qu’à l’international. Le site accroitra la « cyberprésence »de ces livres et de leurs auteurs et sera un outil de médiation auprès du grand public.

Conclusion

La littérature camerounaise de jeunesse s’avère dynamique et florissante, mais le secteur éditorial dans le pays est immature et faible, et les talents s’expriment davantage à l’étranger. Cette littératuredevrait être considérée non pas comme un secteur marginal mais primordial. Le stage au CNLJ, complété par des séances de formation et la participation à des forums et des conférences interdisciplinaires, nous a permis d’approfondir nos connaissances sur la littérature pour la jeunesse, mais aussi d’en comprendre le poids économique et symbolique. Au Cameroun, elle mérite une meilleure visibilité pour le grand public et pour les institutions – ce à quoi nous nous proposons de contribuer à travers le site – mais aussi au niveau universitaire, comme objet de recherche. Nous pensons avec Samy Tchak que « la littérature peut dynamiser tous les autres domaines de la pensée »16 mais le goût de la lecture et du livre doivent être développés dès l’enfance. D’où la nécessité d’une bonne éducation artistique et culturelle ainsi que d’une prise de conscience et d’une action de la part des décideurs politiques pour faire évoluer la situation.



 

 


Notes et références

1 A. J. Ngo Njock Njock, Projet de dynamisation du secteur du livre et de la création d’une structure de promotion et de diffusion au Cameroun, Université Senghor, Mémoire de Master, 2011. p. 12.

2 Après le stage, nous avons également mené des entretiens au Cameroun, notamment avec  le Directeur du Livre et de la lecture Edmond Mballa Elanga, le bibliothécaire Christophe Tadja, Boudjeka Kamto, président de AILE-Cameroun ainsi qu'avec d’autres acteurs impliqués dans la promotion de la lecture auprès des jeunes.

3 Ce sont des chiffres approximatifs car certains titres pourraient ne pas être référencés dans les catalogues en ligne ou dans les bibliothèques et librairies du Cameroun auxquelles nous avons eu accès.

4 Année de publication de la première bande dessinée africaine par Ibrahim Njoya (pseudonyme Yohanes Yerima), considéré comme « le  premier auteur de BD à part entière d’Afrique » et aussi  comme « le premier auteur de BD camerounais et africain de l’histoire  » (Christophe Cassiau-Haurie, L’Histoire de la bande dessinée au Cameroun. Paris : L’Harmattan, 2016, p. 17 et 21).

5 Publiée à compte d’auteur. Voir : Christophe Cassiau Haurie, L’Histoire de la bande dessinée au Cameroun. Paris : L’Harmattan, 2015, p. 23-24.

6 Il est considéré comme le premier livre publié par une femme en Afrique Noire. Cf. Pierrette Herzberger-Fofana, Littérature féminine francophone d’Afrique Noire : Suivi d'un dictionnaire des romancières, L'Harmattan, 2001, p. 45-51.

7 Centre International de Recherche et de Documentation sur les Traditions et les Langues Africaines.

8 Mbassa Nyam, Il était une fois, les Lions indomptables (1985) et Les Caprices du football (1985) un an après le premier titre continental remporté par l’équipe nationale. Il rééditera l’expérience en 1990 avec La Fabuleuse Histoire du football camerounais. Il publie ces titres à compte d’auteur.

9 Auteur-illustrateur de très nombreux albums pour enfants publiés en France, en Belgique, en Angleterre, au Japon…, Marie Wabbes est à l’origine des premiers ateliers de formation pour auteurs et illustrateurs de livres pour enfants en Afrique.

10 Les éditions Ifrikiya sont le fruit de la fusion de trois maisons d’éditions camerounaises, Interlignes, Éditions de la Ronde et Éditions Proximité, avec pour but de « relever le défi d’une production d’ouvrages littéraires et scientifiques de qualité, et à faible coût en Afrique ».

12 Raphaël Thierry, Le Marché du livre africain et ses dynamiques littéraires : le cas du Cameroun. Pessac, Presses Universitaires de Bordeaux, 2015. Coll. Littératures des Afriques, n°1.

13 Salon International du Livre de Yaoundé dont la 2ème édition s’est tenue du 2 au6 juin 2016 avec comme nouveauté, la place de choix accordée à la littérature jeunesse. Marie Wabbes, illustratrice jeunesse belge y a été invité pour animer des ateliers.

15 Festival international de la caricature et de l’humour de Yaoundé, organisé du 18 au 20 août 2016 par Babeni Léontine, afin de « promouvoir cette profession, d’offrir un cadre de réflexion, de concertation et d’échanges aux différents acteurs ».

16 Parfait Tabapsi, « Sami Tchak  : "la littérature peut dynamiser tous les autres domaines de la pensée" ».


Pour aller plus loin

Cédric Christian Ngnaoussi Élongué est auditeur en Gestion des Industries Culturelles à l’Université Senghor d’Alexandrie, « opérateur direct de la Francophonie ». Il y mène des recherches sur la promotion numérique de la littérature camerounaise de jeunesse. Il est par ailleurs le directeur exécutif d’Africa Gawlo, projet de production d’une émission télévisée de jeux oratoires s’appuyant sur le livre et les traditions orales avec pour objectif de promouvoir la lecture-plaisir auprès des jeunes africains.


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