[Cappuccino]
كابوتشينو
Fatima Sharafeddine, auteure libanaise, n’hésite pas à aborder des thématiques fortes, dérangeantes, dans ses écrits qui dépeignent sans concession les travers de la société. Son premier roman Faten, publié en 2010, met en scène une jeune fille de 15 ans obligée d’abandonner ses études pour être servante, mais décidée malgré tout à réaliser son rêve : devenir infirmière. Ce texte a marqué un tournant dans la littérature pour adolescents publiée dans le Monde arabe, tant au niveau du sujet que du style résolument moderne.
Ce nouveau roman, [Cappuccino] كابوتشينو, est un récit à deux voix : Lina, rentrée au Liban avec sa mère et sa sœur après le décès de son père en France, raconte son quotidien, sa révolte contre son oncle paternel qui contrôle leurs vies et leurs finances, ses soucis d’adaptation à la réalité libanaise, son incompréhension de certaines valeurs, et son intérêt croissant pour Anas, un camarade de classe qui suit le même cours de yoga qu’elle. En parallèle, Anas raconte sa vie face à un père violent qui bat sa femme et tyrannise toute la famille, ses sorties avec ses amis, sa révolte contre une société hypocrite… et son amour grandissant pour Lina. Le lecteur passe du récit de Lina à celui d’Anas au fil des chapitres. La famille de Lina va choisir le retour en France pour échapper à l’emprise de l’oncle, et Anas va trouver la force de s’opposer physiquement à son père et d’accompagner sa mère auprès d’une association dédiée aux femmes battues où elle va trouver conseil et aide. Et tout au long des pages, le lecteur va suivre l’idylle naissante entre Anas et Lina, qui s’épauleront pour traverser les épreuves.
Fatima Sharafeddine, auteure engagée et militante, sait s’adresser aux adolescents dans un style vivant, rythmé, au vocabulaire riche, ancré dans la vie des jeunes. Son roman est bien écrit, bien construit, et permet une lecture fluide. Il n’est donc pas étonnant que [Cappuccino] كابوتشينو ait gagné le prix Etisalat du roman pour adolescents en 2017. Dans une littérature pour jeunes adultes qui se développe de plus en plus dans les pays arabes, on aimerait voir plus d’écrits de ce calibre…
HC