[Le Mystère de l’œil du faucon]
لغز عين الصقر
Un père prisonnier administratif dans une prison israélienne, un petit frère gravement malade, une mère, une sœur et une grand-mère sans revenus… Ziad n’a pas le choix, il doit quitter l’école, abandonner son rêve d’aller à l’université et travailler pour subvenir aux besoins de sa famille. En Cisjordanie, les emplois sont rares, surtout pour un jeune de 17 ans. Ziad vend donc du thé et des gâteaux aux Palestiniens qui font la queue pendant des heures au barrage de Qalandya séparant Ramallah de Jérusalem-Est. La vie est dure… Mais la grand-mère paternelle raconte sans cesse des épisodes de sa vie à Lifta avant l’évacuation du village en 1948, elle parle de l’or de la famille que son mari avait caché à leur départ, en énumérant les colliers, les bracelets et les pièces d’or qui faisaient partie du trésor. Elle s’étonne que la famille n’utilise pas l’or pour vivre mieux. Évidemment, tout le monde pense qu’elle perd la tête, mais Ziad se surprend à rêver de trouver ce trésor pour pouvoir garantir les soins nécessaires à son petit frère et engager un bon avocat pour défendre son père. À la mort de la grand-mère, sa sœur et lui trouvent un texte étrange dans la boîte en bois ouvragée qui ne la quittait pas, accompagné de la clé de la maison familiale à Lifta. Le texte contient sans doute des indications codées menant à l’emplacement du trésor… Mais pour partir à sa recherche, il faut élucider le mystère du texte codé, traverser clandestinement une frontière interdite au risque de se faire arrêter par les soldats israéliens, découvrir l’emplacement du trésor… Tout en espérant qu’il soit toujours là !
Avec ce roman, l’auteure palestinienne et jordanienne Taghrid Al-Najjar, fondatrice de la maison d’édition Dar al-Salwa à Amman, réussit l’exploit de raconter la vie quotidienne en Cisjordanie, l’attachement viscéral des Palestiniens à leur terre et à leur histoire, sans pour autant verser dans le pathos. C’est un roman d’aventure qu’elle nous propose, la recherche d’un trésor, le rêve d’une vie meilleure, des moments de suspense… Et elle ancre tout cela dans la réalité palestinienne actuelle. Son écriture alerte et fluide (le texte est partiellement vocalisé) entraîne le lecteur dans une lecture qu’il ne peut abandonner avant d’arriver à la fin du roman. Une nouvelle forme d’écriture de romans pour jeunes, libérée des longues descriptions et des figures de style compliquées, émerge depuis quelques années dans le Monde arabe ; ce livre en est un très bon exemple ! Une lecture à conseiller chaleureusement.
HC