[Mon histoire est particulière]

قصتي مميزة

Langue : arabe Auteur : Fatima Sharafeddine Illustrateur : Salam Al-Hassan Lieu d'édition : Sharjah Éditeur : Kalimat Année d'édition : 2012 Nombre de pages : [24] p. Illustration : Couleur Format : 25 x 28 cm ISBN : 978-9948-8516-5-3 Âge de lecture : À partir de 7 ans Prix : 11 $
Une petite fille rousse sourit en regardant vers le haut. Fond violet.

Rim vient de fêter son huitième anniversaire. Elle décrit la fête organisée par sa mère à cette occasion, puis elle nous raconte comment, le lendemain, sa mère lui a révélé son histoire : Rim a été abandonnée à la naissance, et elle avait deux ans lorsque sa mère adoptive a fait une demande pour la prendre chez elle.

L’échange entre la mère et la fille sur ce sujet grave est abordé avec délicatesse, et la tendresse qu’elles éprouvent l’une pour l’autre est manifeste. Néanmoins, ce livre appelle plusieurs remarques et soulève des questions.

L’univers dans lequel vit Rim est presqu’exclusivement féminin : elle vit seule avec sa mère, sans qu’on sache si celle-ci est célibataire, veuve ou divorcée. Les hommes sont quasiment absents de l’album, si on excepte deux des animateurs de la fête d’anniversaire. On sait que Rim a des oncles, mais seulement parce que leurs filles ont été invitées à la fête d’anniversaire de Rim. Notons à ce propos que n’assistent à cette fête que des fillettes : outre ses cousines, ses camarades de classes, et les filles des voisins.

Le livre traite de l’abandon et de l’adoption, sans que ni l’un ni l’autre terme ne soit prononcé ou écrit. « Ta mère est partie en voyage [après son accouchement] et t’a laissée, dormant paisiblement, à l’hôpital », dit à Rim sa mère adoptive. Est-ce dû à la crainte de blesser l’enfant, en ayant l’air de blâmer sa mère biologique ? Au fait que l’adoption n’est pas une pratique reconnue – sauf exception – dans le monde musulman? Enfin, l’on peut se demander pour quelle raison la mère a attendu ce moment pour aborder avec sa fille la question de son origine.

Si certaines des illustrations, la dernière notamment, rendent bien compte de l’amour qui lie Rim et sa mère, dans l’ensemble, elles laissent perplexe : s’agit-il d’une maladresse voulue du dessin, d’un parti-pris esthétique ? On est notamment frappé par le fait que certains personnages sortent du cadre : lorsqu’il s’agit de la mère, ou d’un autre adulte, on peut penser que l’illustrateur a choisi de le représenter du point de vue de l’enfant, mais lorsqu’il s’agit du visage de Rim, dont le menton n’est pas visible, sur la couverture notamment, on aimerait comprendre l’intention sous-jacente.

Enfin, cet album au format à l’italienne, cousu, ne peut s’ouvrir tout à fait à plat, ce qui gêne la lecture de certaines illustrations à cheval sur la double page.

Au total, un album pas vraiment réussi, mais qui a le mérite d’aborder un sujet peu ou pas traité dans les livres de jeunesse du Monde arabe.

LV

 

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