Regards de libraires francophones sur l'édition solidaire jeunesse, en France, au Maghreb et en Afrique subsaharienne
Les libraires francophones se sentent-ils investis d'un rôle à jouer dans la chaîne du livre solidaire ? Quelle est leur place dans ce contexte particulier ? Quels sont les défis auxquels ils doivent faire face pour promouvoir une édition jeunesse solidaire ?
Pierre Myszkowski, du Bureau international de l’édition française (BIEF), et Caroline Natali, de l’Association internationale des libraires francophones (AILF) ont recueilli les témoignages de sept libraires : en France, Véronique Bagarry, de la librairie Points communs à Villejuif, Sylvie Labas, de la librairie Folies d’encre à Saint-Denis et Anaïs Massola, de la librairie Le Rideau rouge à Paris ; au Maghreb, Miriam Douiri, de la librairie Kalila Wa Dimna à Rabat et Selma Jabbès, de la librairie Al Kitab à Tunis ; en Afrique subsaharienne, Binta Tini, de la librairie La Farandole des livres à Niamey et Prudentienne Houngnibo, de la librairie Notre Dame à Cotonou.
Retour sur « Lectures d’Afrique(s) » en France
L’opération « Lectures d’Afrique(s) » de l’Alliance internationale des éditeurs indépendants (AIEI) en 2011 et le rôle des librairies. Témoignages de trois libraires participantes et le bilan qu’elles en tirent 10 ans plus tard : Véronique Bagarry, librairie Points communs à Villejuif, Sylvie Labas, librairie Folies d’encre à Saint-Denis et Anaïs Massola, de la librairie Le Rideau rouge à Paris.
Si la vitalité et la créativité de l’édition jeunesse en Afrique francophone et au Maghreb ne sont plus à démontrer, la question de la présence et de la visibilité de cette littérature dans les librairies au nord comme au sud continue d’être un enjeu de taille et un défi pour bien des professionnels du livre concernés. À commencer par les libraires eux-mêmes, acteurs solidaires s’il en est, et qui aiment à se définir comme des « passeurs de textes », surtout quand ces textes, ces histoires, ces imaginaires viennent d’ailleurs et même parfois de très loin et que les libraires se font fort d’en révéler la richesse auprès de leurs publics. Pour beaucoup, cet aspect de leur travail constitue même le sel du métier et c’est vrai plus encore pour la littérature jeunesse. Pourtant, les libraires jeunesse doivent aussi composer avec une réalité qui perdure : la plupart des livres qui font aujourd'hui encore le chiffre d’affaires du libraire relève d’un circuit commercial, la diffusion-distribution, dans lequel la production jeunesse « solidaire » a encore bien du mal à se frayer un chemin. Ce chemin, plusieurs acteurs du livre engagés ont cherché à l’ouvrir en proposant des outils ou des solutions concrètes et innovantes. Ainsi, dès 2009, l’Alliance internationale des éditeurs indépendants (AIEI) s’est proposée d’être la structure de diffusion et de distribution de 9 maisons d'édition membres de l’association, en Afrique et au Brésil. En 2011, l’AIEI constitue un fonds jeunesse sous le nom de « Lectures d’Afrique(s) » et en propose un catalogue numérique en s’appuyant sur « un constat de départ simple : la production africaine écrite et publiée en France est connue et diffusée alors que la littérature pour la jeunesse éditée en Afrique est encore très peu visible. Il nous semblait donc nécessaire d’apporter une proposition, même modeste, aux lecteurs « d’ici » comme aux éditeurs de « là-bas », d’inverser un tant soit peu le sens « unique » des flux commerciaux. ». La même année, lors du salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, l’AIEI réunit 10 éditeurs autour d’un stand collectif intitulé « Lectures d’ailleurs », en organisant en parallèle des rencontres professionnelles entre éditeurs, bibliothécaires, libraires… afin de favoriser les échanges solidaires. C’est à la suite de ces rencontres que 6 librairies franciliennes prennent l’initiative de monter une opération inédite : la constitution d’une sélection d’environ 50 titres du fonds « Lectures d’Afrique(s) » qui, un peu à la manière d’une malle, voyage de librairie en librairie tout au long de l’année 2012.
La librairie Points communs à Villejuif était une des six librairies participantes. Véronique Bagarry, qui avait ouvert en 2008 cette librairie après avoir été libraire à Djibouti et la dirigeait, s’était naturellement reconnue dans le projet « Lectures d’Afrique(s) » comme elle en témoigne aujourd'hui encore, 10 ans plus tard ! « Pour la librairie Points commun, cette opération avait généré la vente d’une quarantaine de livres et mis l’accent sur une littérature jeunesse inconnue en France, même si certains auteurs sont connus dans leur pays. Pourquoi un libraire de région parisienne, envahi par la surproduction française, serait-il concerné par cette opération ? Avant tout pour des raisons personnelles de proximité avec un pays du « Sud » ou par curiosité pour l’Ailleurs. Il est évidemment plus simple de commander chez un gros distributeur français que de faire cette démarche solidaire… mais ça a été l’occasion de voir le plaisir de quelques nouveaux clients abasourdis de trouver un livre en malgache ou en portugais pour ses enfants ou ses petits-enfants. Des ventes improbables qui font tout le sel du métier de libraire. »
Pour Sylvie Labas, de la librairie Folies d’encre, « accueillir la valise « Lectures d'Afrique(s) » dans une ville comme Saint Denis était dans l'ordre des choses, une opportunité pour la librairie. Lieu de présentation de livres édités sur le territoire national le plus souvent, une librairie est aussi un espace-miroir possible des complexités et diversités humaines, un endroit de rencontres, d'interrogations, confrontations, doutes et partages. Les habitants de Saint Denis venant de nombreux horizons et plus particulièrement de pays du continent africain, les libraires de Folies d'encre ont toujours eu à cœur de présenter, quand cela était possible mais hélas trop rarement, des ouvrages édités ailleurs qu'en France. Participer à cette opération était l'occasion de constituer et de mettre en avant, pendant un mois, un fonds de livres de jeunesse, pensés, créés et produits au Sud. Les rencontres conviviales organisées par les libraires autour des tables de présentation et une grande vitrine ont permis de vivre des moments forts de partages et d'échanges. Des habitant-e-s qui n'avaient pas l'habitude d'entrer dans la librairie, en reconnaissant dans la vitrine des livres qui ressemblaient à ceux de leur enfance, ont poussé avec beaucoup d'émotions la porte pour venir en parler. Les habitué-e-s de la librairie se sont montrés très intéressé-e-s des rapports très déséquilibrés de la chaîne du livre entre les pays du nord et ceux du sud. Aujourd'hui, la diffusion et la distribution en France de ces ouvrages restent difficiles et le plus souvent inaccessibles économiquement pour les éditrices et éditeurs du sud et pourtant, travailler à la mise en avant de toutes les diversités, c'est aussi maintenir un certain équilibre du monde dans lequel nous vivons. »
Autre témoignage, celui d’Anaïs Massola de la librairie Le Rideau rouge à Paris qui garde aussi de cette action de promotion « un très bon souvenir, autant pour le travail commun de sélection et de préparation logistique avec les autres librairies franciliennes qu’au sein de la librairie. Notre participation à « Lectures d’Afrique(s) » nous a permis de faire entrer des publics moins habituels de la librairie. Et avec une belle mise en avant, on a réussi à vendre 60 à 70 % du stock, ce qui est plutôt très bien. Cela nous a permis aussi de nous faire reconnaître auprès des écoles et associations dans le quartier comme lieu possible pour trouver ces livres venus d’ailleurs… mais cela reste une image à entretenir. Pour la librairie, présenter des livres d’éditeurs du sud est une manière de diversifier les approches et les regards. Aujourd'hui le public y est plus sensible et a une démarche exploratoire plus intéressante qu’il y a quelques années. Il faut donc en profiter. »
Pour autant, Anaïs Massola souligne les difficultés qu’elle avait rencontrées à l’époque et qui demeurent aujourd'hui : difficulté pour accéder aux catalogues des éditeurs, même si elle reconnaît que c’est aussi par manque de temps et d’habitude. Mais surtout difficulté pour assurer un approvisionnement. Le Rideau rouge n’a pu maintenir en stock que quelques livres de ce fonds « Lectures d’Afrique(s) ». Un fonds qui avait pourtant vocation à s’inscrire durablement ! Pour Anaïs Massola, « il est vrai que, sans source d’approvisionnement qui rentre dans nos cadres habituels de travail, c’est compliqué, et ça ne marche que lorsque la distribution est présente sur le territoire français ou sinon, lors d’une rencontre… fortuite. Barzakh (Algérie) découvert grâce à un ami libraire ou encore l’Atelier des nomades, depuis qu’ils sont distribués en France… Trouver le temps et apprendre à travailler sur l’achat à l’international me semblent les deux clés pour y arriver. »
Le regard de deux libraires au Maghreb sur « l’édition jeunesse solidaire »
Si l’assortiment jeunesse des librairies francophones au Maghreb fait encore la part belle à l’édition française, les livres d’éditeurs du pays sont de plus en plus présents. À Rabat, Miriam Douiri de la librairie Kalila Wa Dimna, indique que cette production jeunesse nationale représente aujourd'hui 10% de son chiffre d’affaires et que pas moins de 300 titres venant de catalogues de maisons d’édition marocaines sont à présent référencés dans sa base. En nombre de livres, l’édition marocaine représente les deux tiers de son stock contre un tiers pour les éditeurs français, mais en chiffre d’affaires, le rapport s’inverse, compte tenu du prix élevé des livres importés de France.
Selma Jabbès de la librairie Al Kitab à Tunis estime pour sa part que 20% de son rayon jeunesse est constitué de livres d’éditeurs jeunesse tunisiens. « La qualité s’améliore d’année en année, et les prix étant beaucoup plus à la portée du public, ils devraient occuper une place beaucoup plus importante ». Pour autant, Selma Jabbès constate que ces livres ne rencontrent pas toujours leur public : « La demande est pour une production de qualité, correspondant aux attentes du jeune public avec des héros auxquels les enfants peuvent s’identifier. Ils ne veulent plus des histoires de princesses et les ados veulent un contenu qui les surprenne. Les ventes restent sur les titres programmés à l’école pour la plupart, avec aussi un jeune public qui suit les meilleures ventes à l’international et sur les réseaux sociaux. » Si elle se dit bien entendu engagée et solidaire pour soutenir l’édition jeunesse tunisienne, Selma Jabbès rappelle d’abord que son rôle en tant que libraire est « d’encourager les auteurs et les éditeurs quand ils le méritent ! ». L’autre contrainte concerne l’accès aux catalogues, la diffusion de l’information et la distribution des livres. Au Maroc, Miriam Douiri distingue à ce sujet les éditeurs qui ont un système régulier de distribution et ceux « qui apportent eux-mêmes leurs livres ». Et de souligner que le développement de l’édition jeunesse marocaine passe par une « meilleure distribution, c’est-à-dire, plus régulière, plus exhaustive et avec des possibilités de paiement à échéance ». Comme sa consœur de Tunis, Miriam Douiri insiste également sur la qualité des livres qui n’est pas toujours au rendez-vous alors que la demande est là. « La période du confinement suite à la pandémie du COVID-19 a été l’occasion d’appréhender cette demande, car nous recevions beaucoup de messages de demandes pour les livres de jeunesse : des BD, des romans et contes pour 10-12 ans ou des livres pour les tous petits. Le prix est un facteur de choix. Certains parents ont ciblé les livres en arabe pour exercer leurs enfants à la langue arabe. »
Si les deux libraires à Rabat comme à Tunis se montrent donc naturellement solidaires des éditeurs jeunesse dans leur pays, elles constatent à l’unisson que les livres ne circulent malheureusement pas d’un pays à l’autre. Ce qui est encore plus vrai des livres publiés en Afrique subsaharienne, du fait d’un manque d’information et de l’absence d’un circuit d’importation.
En Afrique subsaharienne, « la Caravane du livre et de la lecture » comme outil de dialogue entre libraires et éditeurs jeunesse.
Initiées en 2004, Les Caravanes du livre et de la lecture sont une action emblématique de l’Association internationale des libraires francophones. Elles ont été essentielles pour mieux connaître et faire connaître les éditeurs jeunesse d’Afrique.
Au début de l’aventure de la librairie jeunesse la Farandole des livres à Niamey, en 2007, l’assortiment que réalisait Binta Tini reflétait plutôt le goût de ses filles alors collégiennes et grandes lectrices, avec par exemple une large présence de mangas. Ce sont les « critiques » des clients sur ces choix restreints qui ont fait évoluer petit à petit l’assortiment vers un rayon jeunesse plus étoffé et éclectique. Et c’est en tenant compte des demandes de sa clientèle qu’elle a fait évoluer ses choix jeunesse vers une plus grande présence des éditeurs jeunesse du Niger et d’autres pays d’Afrique.
Ce qui semble avoir été déterminant pour Binta Tini, c’est le déménagement vers un quartier - Terminus - où la clientèle nigérienne est majoritaire, contrairement à la précédente implantation face au lycée La Fontaine de Niamey dont la clientèle naturelle était plutôt constituée de familles expatriées ou d’enfants scolarisés dans cet établissement.
Pour ce qui est des éditeurs jeunesse nigériens, Binta Tini souligne qu’aux débuts de La Farandole des livres, ils ne venaient pas spontanément vers la librairie. Elle constatait également que ses commandes aux éditeurs nigériens n’étaient pas suivies d’effet. En outre, la distribution des livres reste une difficulté entre les différents pays d’Afrique, par exemple pour acheminer au Bénin des livres produits par des éditeurs du Mali. La composition de l’assortiment jeunesse se répartit aujourd'hui entre 60 % d’éditeurs africains et 40 % d’ouvrages d’éditeurs jeunesse achetés en France (portant sur des auteurs ou des thématiques africains). Parmi les éditeurs jeunesse cités en premier lieu par Binta Tini dans son assortiment, les éditions Ruisseaux d’Afrique, les Classiques ivoiriens mais aussi des éditeurs tels que BLD Sénégal ou Gashingo (Niger), membres de l’AIEI.
Prudentienne Houngnibo, de la librairie Notre Dame à Cotonou, souligne combien en 15 ans les Caravanes du livre et de la lecture ont contribué à développer le goût de la lecture et l'accès au livre des enfants, de la maternelle au lycée. Dans le cadre des Caravanes du livre, la fréquence et la diversité des animations dédiées à la jeunesse pour faire connaître le livre et donner le goût de lire - lecture à voix haute, ateliers dessin, etc. - ont beaucoup joué dans la conquête de nouveaux lecteurs. À la librairie Notre Dame, 30% des commandes jeunesse proviennent d’éditeurs tels qu'Auzou, Didier jeunesse, Flammarion, dont les catalogues comprennent des auteurs ou thématiques africains. Les éditeurs jeunesse représentés dans la librairie sont constitués pour 50 % d'éditeurs africains, comme Ruisseaux d’Afrique ou Vallesse, membres de l’AIEI.
Prudentienne Houngnibo entretient des relations directes avec tous les éditeurs d’Afrique (Cotonou, Abidjan…) qui lui envoient des spécimens tandis que les éditeurs de France envoient visuels, affiches, ou catalogues par voie numérique.
Elle constate aussi que la plupart des ONG.- associations, bibliothèques - « s’intéressent aux productions d'Afrique car elles reflètent l'histoire, le vécu quotidien de l’enfant africain. Quand on leur fait des lectures à voix haute, les enfants se voient à travers le livre. C’est aussi pour cette raison que le documentaire jeunesse est fortement prisé. »
Quant aux obstacles à une plus grande diffusion des ouvrages jeunesse produits en Afrique, Prudentienne Houngnibo mentionne en premier lieu le fait que les pouvoirs publics n’encouragent pas assez l’acquisition de livres jeunesse ; seules les institutions privées font de la bonne communication. « Dans les écoles publiques, par exemple, il n’y a pas de fonds jeunesse Afrique. Il faudrait doter les ouvrages jeunesse produits en Afrique avec des fonds publics. »
Un autre « handicap » selon elle est que les Associations d’éditeurs ne font pas assez de communication autour de leurs parutions. Il faudrait davantage de promotion autour des livres jeunesse édités en Afrique par les réseaux sociaux pour toucher le grand public.
À ce propos, Prudentienne Houngnibo souligne l’intérêt de la diaspora qui s'intéresse aux éditions africaines comme le démontre, pendant les grandes vacances, les visites de clients résidant en France et qui viennent chercher des livres jeunesse produits en Afrique.
Une autre préconisation de Prudentienne Houngnibo pour faire connaître les éditions africaines hors d’Afrique est que des institutions du Nord telles que les bibliothèques contribuent à acquérir des ouvrages jeunesse. Elle mentionne la visite quasiment chaque année d'une bibliothèque du Québec qui envoie une mission à Cotonou - mais aussi dans d’autres pays d’Afrique - pour repérer et acheter des livres béninois. « Il serait idéal que de telles missions soient réalisées sur place pour acquérir des nouveautés et stimuler ainsi la production et la diffusion des œuvres produites en Afrique ».
On le voit, l’édition jeunesse solidaire trouve auprès des libraires dans chacun des pays, au Sud comme au Nord, de précieux relais. Tous et toutes savent le rôle militant qu’ils et elles ont à jouer pour donner à cette production jeunesse, à sa diversité et à sa richesse, toute sa place dans leurs librairies. En ayant une attention toujours renouvelée sur la qualité des ouvrages, la pertinence des histoires racontées, la force des illustrations mais aussi sur les aspects de fabrication et sur le prix, les libraires, aux côtés des médiathécaires, sont des acteurs naturellement solidaires des éditeurs jeunesse. Mais cette solidarité passe aussi par un renforcement du dialogue entre éditeurs - distributeurs et libraires pour améliorer notamment les circuits d’information et de distribution. Avec entre autres enjeux essentiels pour tous les acteurs engagés et solidaires, celui du référencement des publications dans les bases de données, pour donner les moyens aux professionnels de la chaîne du livre à l'international de connaître et de promouvoir cette littérature de jeunesse solidaire.
Pour aller plus loin
- Pierre Myszkowski est responsable des échanges professionnels au BIEF (Bureau international de l’édition française). À ce titre, il participe à l’organisation de rencontres professionnelles auprès d’éditeurs ou de libraires à l’étranger, dont dernièrement, un programme destiné aux éditeurs francophones de jeunesse (en collaboration avec Stéphanie Suchecki).
- Caroline Natali est chargée de mission à l’Association internationale des libraires francophones (AILF) qui regroupe une centaine de libraires sur les 5 continents. Elle s'intéresse de près aux enjeux de la bibliodiversité en littérature de jeunesse.
- Librairie La Farandole des livres
- Librarie Folies d'encre
- Librairie Kalila wa Dimna
- Librairie al-Kitab
- Librairie Notre-Dame
- Librairie Points communs
- Librairie Le Rideau rouge