L’Harmattan, éditeur et libraire hors normes
L’éditeur qui a publié le plus de livres de jeunesse (soit cinquante-cinq) en langues africaines (pas moins de dix-sept) se trouve… à Paris. Ces langues ont une belle place dans un catalogue d’ouvrages bilingues où d’autres langues dites « minoritaires » du monde entier (dont le créole, le kabyle…) sont largement représentées.
Si L’Harmattan est surtout un éditeur de sciences humaines, il a toujours publié pour la jeunesse : documentaires, romans, bandes dessinées, ouvrages écrits par des jeunes en atelier d’écriture et, tout particulièrement, des textes issus de la tradition orale. L’offre en contes est véritablement pléthorique avec les collections « Contes et légendes des mondes » et « Contes des quatre vents » dont Takam Tikou s’est souvent fait l’écho.
Un catalogue de 35 000 titres, une plateforme de prêt numérique, des éditions réalisées en Afrique, des librairies en France et dans dix pays africains, le tout sans subventions : comment est-ce possible ? Grâce à des pratiques éditoriales atypiques dans le paysage français, tant sur les modes de fabrication que sur les rapports avec les auteurs. Des pratiques qui ont souvent agacé, mais qui se sont avérées efficaces, non seulement pour l’édition en langues mais aussi pour que des milliers d’auteurs voient leurs livres publiés, référencés et distribués.
Denis Pryen, fondateur de la maison et son directeur pendant trente-cinq ans – il a confié désormais la direction à son neveu, Xavier Pryen –, nous a reçu dans son bureau de la rue de la Montagne Sainte-Geneviève, à quelques mètres de la librairie « historique » du 16 rue des Écoles, cette caverne d’Ali Baba où l’on trouve une importante sélection de livres africains pour la jeunesse, aussi foisonnante que surprenante.