Sankofa N° 8

Langue : français Auteur : Collectif Année d'édition : 2009 Illustration : N/A ISBN : 1544-0885 Prix : 25 US $ (particuliers), 35 US $ (institutions)
À droite, une femme traîne une brouette en bois ; un garçon la suit en montrant deux pièces dans sa paume. Dans l’air voltigent des fruits. Une poule court. À l’horizon, une famille regarde un garçon accroché à un tapis volant.

Le numéro de la revue nord-américaine, Sankofa : A Journal of African Children’s and Young Adult Literature, paru en 2009 est particulièrement riche.

L’article très intéressant de Mickias Musiyiwa (Zimbabwé) rappelle le rôle essentiel des femmes, en particulier les grand-mères, dans la transmission de la tradition orale et explique remarquablement comment l’arrivée des colonisateurs, missionnaires compris, les en a dépossédées, tout en les excluant du nouveau système d’éducation à l’européenne. Ceci a eu des conséquences pour le développement de la littérature africaine de jeunesse, car cette marginalisation de l’accès à l’écrit les a empêchées de se « reconvertir » dans l’écriture où les écrivains hommes prédominent (l’auteur considère le monde africain anglophone ; les femmes sont présentes dans l’écriture pour les enfants dans le monde francophone, depuis Jeanne de Cavally et Annette M’baye d’Erneville…).

Adrien Onyando (Kenya) étudie la question de la littérature orale dans l’ère du multimédia et d’Internet qui permettent l’utilisation de la voix et l’interactivité ; une sorte de « e-oralité » est à créer qui peut donner l’occasion d’apprécier le dynamisme et la richesse des performances orales.

Berverley Naidoo, écrivain née en Afrique du Sud, auteur de romans remarquables (L’Autre visage de la réalité est toujours disponible chez Bayard jeunesse), raconte la genèse et les sens de son dernier roman Burn my heart (pas encore traduit en français), sur un garçon kikuyu et un garçon anglais dans le Kenya colonial. L’écriture de ce texte est liée aux visites de Naidoo au Kenya où elle fut invitée par KidsLibs (http://kidslibstrust.org), association qui soutient des bibliothèques et mène de nombreux projets en faveur des enfants au Kenya.

Paul Mukundi (États-Unis) analyse L’Hibiscus pourpre (éd. Anne Carrière), premier roman (pour adultes) de la Nigériane Chimamanda Nogzi Adichie qui a connu un grand succès, en tant que révélateur des contradictions posées par l’éducation des enfants dans le Nigeria postcolonial. En effet, les adolescents protagonistes du roman sont élevés dans le rejet de leurs racines culturelles, dans une famille où le père en particulier est marqué par une éducation coloniale, d’un catholicisme strict.

Jay Heale (Afrique du Sud) fait le point sur l’édition jeunesse en langues sud-africaines depuis 1994, quand le pays a cessé d’être bilingue pour adopter onze langues officielles. Il rappelle la situation pendant l’apartheid et fait état d’initiatives diverses montrant que l’édition s’éveille au besoin de livres dans les différentes langues, et se développe, en particulier en xhosa et en zoulou.

D’autres articles encore portent sur les traditions orales amérindienne et africaine dans la littérature de jeunesse des Caraïbes (Jamaïque et Guyane), sur l’utilisation en bibliothérapie, en classe, de l’album Visiting Day (Scholastic) autour de la visite d’une jeune fille à son père en prison, et enfin, sur le prix Children’s Africana Book Awards, dont tous les « nominés » sont présentés, suivant les appréciations des membres du jury. Le prix a été attribué à One Hen: How One Small Loan Made a Big Difference de Katie Smith Millway, illustré par Eugenie Fernandes (Kids Can Press, pas encore traduit en français) : un album magnifiquement illustré (comme le montre la couverture de Sankofa), situé dans un village du Ghana, sur le thème de la microfinance vue à hauteur d’enfant.

VQ