[La Porte bleue]
الباب الأزرق
Il y a dans la maison de la petite héroïne de cet album une porte bleue, appuyée contre un mur, une porte qui ne sert à rien. Elle s’étonne qu’on ne s’en débarrasse pas, mais son père lui explique qu’elle appartient à son grand-père. Une nuit, par hasard, elle voit son grand-père s’asseoir sur la porte… et disparaître avec elle, puis revenir au petit matin. La nuit suivante, elle décide de sauter sur la porte juste avant qu’elle ne disparaisse. Comme un tapis volant, la porte les transporte, son grand-père et elle, au-dessus du camp de réfugiés où ils habitent jusqu’à « la mer de Jaffa », et enfin se pose sur des ruines entourées d’arbres morts. Dès que le grand-père les touche, les arbres renaissent et se couvrent de pommes, de poires et de grenades. Le village (dont est originaire le grand-père, réfugié palestinien) se relève de ses cendres lorsqu’ils le traversent. Là-bas, le grand-père se transforme en petit garçon rieur et joueur. Nuit après nuit, ils réitèrent leur promenade secrète, jusqu’à ce qu’un jour, la porte disparaisse. Son père lui annonce que le grand-père est mort. « Mon grand-père et sa porte magique me manquent, mais je n’ai pas pleuré et je n’ai pas été triste, car je sais quelque chose que les autres ne savent pas : que grand-père est assis au bord d’un petit ruisseau dans lequel il trempe ses pieds, et qu’il envoie des bateaux en papier au bout du monde ».
Le thème et le texte sont assez convenus, mais les éblouissantes illustrations du peintre tunisien Raouf Karray, à la fois naïves, expressives et magnifiquement colorées, font de cet album une véritable œuvre d’art. Paradoxe : la splendide calligraphie utilisée par l’artiste est typiquement maghrébine, et sera peut-être un peu difficile à déchiffrer en Palestine, où ce livre est publié. Le texte est partiellement vocalisé.
MW