Romans

Le Salaire de l'ingratitude est un roman rondement mené et fort bien écrit qui narre l'histoire de Kantili, fils ingrat, égoïste et vaniteux, transformé en chimpanzé pour avoir renié sa mère restée veuve, alors qu'elle avait tout sacrifié pour lui assurer la meilleure éducation. Mais Kantili est un méchant plus complexe que l'immonde Filamörö qui le poursuit de sa haine, et il sera racheté, alors que l'autre succombera à un trépas bien mérité.

Véronique Tadjo offre avec ce roman une novélisation captivante du scénario du film franco-sénégalais Yao réalisé par Philippe Godeau et sorti en 2018. C’est le récit d’un périple motivé au départ par une passion sans faille : Yao, 12 ans, fan absolu de lecture, vit dans un village au Nord du Sénégal. Son livre fétiche, lu, relu, malmené, rafistolé, est la biographie de Seydou Tall, un acteur français très connu, son idole. Lorsqu’il apprend sa venue à Dakar, rien ne pourra l’empêcher de s’y rendre en cachette de sa famille. Le voyage va prendre le tour d’un véritable road-trip aux rebondissements multiples, quand l’acteur va le raccompagner chez lui à 300 kms de la capitale.

Brahim, adolescent soudanais, est envoyé par son père vers l’Europe pour sauver sa famille de la pauvreté, parce que « l’Europe est riche ». Son rêve, c’est l’Angleterre où « on le recevra, […], on l’inscrira dans l’université qui fera de lui un dentiste ». Le long et sombre récit, écrit à demi-mots et par touches délicates, évoque les villages africains laissés aux femmes et aux enfants tandis que les hommes s’en vont, la cruauté des passeurs, la maltraitance, la dangereuse traversée de la Méditerranée et ses noyés, la violence subie aux mains de la police, le vol de son téléphone – sa seule possession, et le froid qui tue.

Voici une réédition très bienvenue de ce titre publié en 2002 et chroniqué dans le numéro 10 de Takam Tikou : « L'histoire de la poule et de l'œuf n'a pas fini de faire couler de l'encre ! Sauf que dans ce court roman (presque une nouvelle), ce n'est pas de la même histoire qu'il s'agit... Voici le sujet du conflit : Cabiri, la poule de dame Zefa, est venue pondre dans le jardin de dame Bina, après avoir mangé de son grain. Alors à qui est l'œuf ?

Saliou Bah est un auteur et bibliothécaire jeunesse guinéen, qui a déjà plusieurs ouvrages à son actif aux éditions Ganndal : Bobo a peur du chien, Le Voyage de papa, Lam l'enfant battu et Penda la sorcière.

Ce roman traite d’un sujet qui reste d’actualité sur le continent africain : celui de l’enfance maltraitée au sein même de la grande famille, illustré ici par le récit de vie d’un enfant qui évolue du CM2 à l’université, du village ancestral à la capitale. Arraché au cocon familial à la suite du décès soudain de son père et du remariage traditionnel de sa mère, il suit un oncle à Abidjan pour entrer en secondaire, mais ce départ est aussi le début d’un quotidien de souffrance et de servitude.

Cheik Aliou Ndao est un écrivain sénégalais né en 1933, militant de l'écriture littéraire en langue nationale. Il traduit lui-même ses ouvrages en français. Il est à la fois poète, dramaturge, romancier et nouvelliste. Pour en savoir plus, voir une interview où il s'exprime en détail sur sa formation et sa pratique : http://motspluriels.arts.uwa.edu.au/MP1299ndao.html

Ève a passé ses premières années dans un orphelinat au Mali. Elle y découvre la danse classique, qui devient bientôt une passion. Lorsqu’elle est adoptée et qu’elle arrive en France, Ève s’inscrit aussitôt à des cours dans le but d’intégrer l’Opéra de Paris. Mais la fillette est rapidement confrontée à sa différence : elle est la seule noire, n’ayant aucun modèle auquel s’identifier. Sa professeure de danse va rapidement la guider dans ce dur apprentissage, fait de blessures physiques, de moqueries et de racisme.

En 1920, sur l’île de Ré, un jeune garçon prénommé Léon vit seul avec sa mère. Son père a disparu à la guerre. Léon passe de longues heures au bord de l’océan. Un jour, il trouve un homme noir échoué sur la plage. Il le recueille. L’enfant et le soldat sénégalais, nommé Tierno, apprennent à se connaître. Celui-ci raconte son périple, son enrôlement de force dans l’armée, les horreurs de la guerre, jusqu’au naufrage de son bateau, qui a fait plus de 600 victimes. Le village bientôt l’accueille, malgré de forts a priori…

Attita Hino est une écrivaine ivoirienne. Elle a reçu le grand prix national du Jeune écrivain et la mention spéciale au prix Ivoire en 2014, pour Le grand masque a menti, dont ce roman est la suite.